Résultats européennes: les socialistes d'Olaf Scholz largement battus en Allemagne, l'extrême droite deuxième
Une vraie claque pour la formation du chancelier allemand. Le parti social-démocrate (SPD), qui gouverne l'Allemagne avec les Verts et les Libéraux, arrive troisième des élections européennes avec 14% des voix, selon les estimations du média public ARD.
Le parti d'Olaf Scholz est largement devancé par les conservateurs de la CDU et de la CSU (30%) et le parti d'extrême droite AfD (16%). Il enregistre au passage son pire score pour un scrutin européen.
Parmi les autres partis au gouvernement, les Verts sont tombés à 12-12,5%, très loin des 20,5% obtenus il y a 5 ans. Les Libéraux du FDP obtiennent, eux, 5% des voix.
La CDU pointe un "désastre"
Ces résultats sont un "désastre pour les partis de la coalition au pouvoir", a assené le président de la CDU, Friedrich Merz. Et c'est une "sévère défaite tout particulièrement pour le chancelier", a-t-il ajouté, appelant à un "changement de politique".
Alors qu'Olaf Scholz souffre d'un manque de charisme, le mécontentement des électeurs est palpable sur toute une série de questions: immigration, politique économique et environnementale.
Le secrétaire général de la CDU, Carsten Linnemann, a exhorté Olaf Scholz à poser la question de confiance au Parlement en raison des pertes subies par son parti. Estimant que la coalition n'aura probablement pas la force de changer de cap, le tabloid Bild ne voit qu'une solution pour sortir de l'ornière: "des élections anticipées".
Le secrétaire général du SPD, Kevin Kuehnert, a de son côté reconnu qu'il s'agissait d'"un résultat très amer".
L'AfD jubile
Ces mauvais résultats vont accentuer la pression sur l'impopulaire coalition d'Olaf Scholz à quelques mois d'élections dans trois États régionaux de l'est de l'Allemagne, où l'AfD est créditée des meilleurs scores dans les enquêtes d'opinion.
En dépit des derniers scandales qui ont éclaboussé sa tête de liste, le parti arrive donc en deuxième position et progresse d'environ 5 points par rapport au scrutin de 2019. "C'est un super résultat pour nous", s'est félicité le coprésident Tino Chrupalla. Et d'ajouter: "et un bon début pour cette année électorale".
Créé en 2013, ce parti a capitalisé sur une conjoncture morose et sur des craintes liées à l'immigration, malgré de récents scandales qui ont éclaboussé sa tête de liste, Maximilian Krah.
Forte participation
Depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2021, le gouvernement d'Olaf Scholz a plongé dans une crise après l'autre. Il a dû faire face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie et à la crise énergétique qui s'en est suivie et qui a plongé l'Allemagne dans la récession, même si depuis la conjoncture, toujours fragile, s'est améliorée.
Jamais autant de personnes n'avaient été appelées aux urnes en Allemagne avec environ 65 millions d'électeurs. Pour la première fois, les adolescents de 16 et 17 ans avaient le droit de vote pour ces élections, soit environ 1,4 million de personnes, selon l'Office fédéral des statistiques. La participation a sensiblement progressé à environ 65%, selon ZDF, contre 61,4% il y a cinq ans.
Pour les 96 sièges attribués à l'Allemagne au parlement européen - le pays avec le plus gros contingent d'eurodéputés étant donné le poids de sa population -, 35 listes étaient en lice.
Un nouveau parti de gauche radicale, antisystème et de tendance souverainiste, BSW, devrait faire son entrée au parlement européen, ayant obtenu 5,7%.