Résultats européennes 2024 : Marie Toussaint et les écologistes évitent le crash de justesse

Marie Toussaint, tête de liste des Écologistes, le 28 mars 2024 à la Défense.
THOMAS SAMSON / AFP Marie Toussaint, tête de liste des Écologistes, le 28 mars 2024 à la Défense.

POLITIQUE - Vert-ige. La liste écologiste aux élections européennes menée par Marie Toussaint recueille à peine plus de 5 % des suffrages exprimés ce dimanche 9 juin, soit le seuil limite pour envoyer des eurodéputés au Parlement. Le scénario catastrophe est évité de justesse mais il s’agit malgré tout d’une véritable gifle après les 13 % de 2019.

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L’appel de Marie Toussaint à « déjouer les pronostics » dans la dernière ligne droite de la campagne n’aura pas suffi. Avec seulement 5,4 % selon les premiers résultats de l’institut Ifop-Fiducial pour TF1-LCI-Le Figaro, les écologistes français n’enverront pas plus de cinq eurodéputés au Parlement selon les projections, là où cinq ans plus tôt leur percée surprise avait permis l’envoi de douze d’entre eux. C’est même le plus mauvais score de ce parti depuis 30 ans.

Dans un communiqué, le parti a déploré un résultat qui « nous impose de lourdes responsabilités », la secrétaire nationale Marine Tondelier évoquant « deux catastrophes ce soir : la contre-performance écologiste et le score terrifiant de l’extrême droite. » « Les scores cumulés de la gauche et des écologistes montrent qu’un horizon d’espoir existe. C’est une flamme que nous allons faire vivre dans les mois qui viennent », a-t-elle assuré.

Le défi s’annonce particulièrement difficile à relever, alors qu’Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale dans la foulée des résultats, obligeant ainsi à de nouvelles élections législatives avant les Jeux Olympiques.

« Backlash écologiste » ou problèmes de ligne ?

Le résultat de Marie Toussaint met un terme à une campagne plus que difficile pour les écologistes qui, après avoir eu « le vent de dos » en 2019, se sont pris de plein fouet le « vent de face », selon l’expression consacrée des cadres pour expliquer la déroute déjà prévisible à quelques encablures du scrutin.

Il y a d’abord eu le choix, pour mener la liste, de l’eurodéputée Marie Toussaint, relativement peu connue du grand public malgré son implication dans « L’Affaire du siècle ». Puis la crise agricole, au cours de laquelle les écologistes ont eu bien de mal à se faire entendre. À l’unisson, la tête de liste et la secrétaire nationale du parti Marine Tondelier ont ensuite fustigé le « backlash écologiste » qui consiste selon elles à « désigner les écologistes comme coupables de tout ». Sans oublier des affaires internes au parti - le cas de Julien Bayou, ex-numéro 1 des Verts, la candidature de la chroniqueuse radio Flora Ghebali - qui ont parasité la campagne quelques semaines.

En face, faute d’union, les écologistes ont dû composer avec trois autres listes de gauche. Ce qui, selon un cadre du parti à l’AFP, a créé un problème de positionnement : « le mouvement ne sait pas quelle écologie il défend », entre « la radicalité et un versant plus social-démocrate, plus modéré. Résultat, on est pris en étau entre Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann », analysait cette source avant le vote.

Le 7 juin, dernier jour de la campagne, alors que Marine Tondelier était l’invitée de la matinale de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, une coupure d’électricité a plongé le studio dans le noir et interrompu l’émission. « Tout est bon pour faire taire les écologistes », ironise la numéro 1 des Verts. Pour anecdotique que soit l’incident, la réaction amusée de Marine Tondelier semble presque prémonitoire en ce 9 juin au soir : s’ils ne sont pas réduits au silence, les voix des Verts français au Parlement européen sont considérablement affaiblies.

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