Réseaux sociaux : faire une « digital detox » vous fera autant de mal que de bien, selon cette étude
SANTÉ - Envie de mettre vos réseaux sociaux sur pause ? Si cela peut être utile dans certaines situations, une détox digitale peut avoir autant d’effets négatifs que positifs pour votre santé. C’est en tout cas ce que suggère une nouvelle étude parue dans la revue scientifique PLOS One, ce mercredi 8 novembre 2023, et menée par des chercheurs du département de psychologie de l’université de Durham, au Royaume-Uni.
« Rien n’indique que la limitation de l’utilisation des réseaux sociaux soit associée à des effets positifs évidents sur le bien-être », indiquent les chercheurs. Pour en arriver à ces conclusions, les scientifiques ont sélectionné 51 étudiants de 18 à 25 ans de l’université de Durham. Ces derniers ont déclaré utiliser au moins un réseau social quotidiennement, à différents niveaux d’intensité.
L’étude comportait ensuite trois phases : une première de trois jours où les participants n’avaient aucune consigne concernant l’utilisation des réseaux sociaux. Puis une phase de six jours où les participants ne devaient pas ouvrir leurs applications. Puis une dernière de quatre jours où ils pouvaient à nouveau les utiliser comme bon leur semble. Les participants ont rempli un questionnaire et ont réalisé différentes expériences lors des trois étapes de l’étude.
Pas d’effets de sevrage
Les résultats de l’étude suggèrent que la restriction temporaire de l’utilisation des réseaux sociaux ne produit pas d’effets habituellement observés lors de périodes de sevrage dans les cas d’addictions. Cette semaine sans réseaux n’a ainsi eu aucun effet sur « les envies subjectives ou les mesures du désir implicite », alors que l’augmentation des envies est l’effet induit par l’abstinence le plus fréquemment observé dans les cas de dépendances.
Les participants sont pourtant 85,6 % à avoir rechuté au moins une fois. Mais selon les chercheurs, ces manquements ne doivent pas forcément être interprétés comme des « rechutes » à proprement parler. Car les réseaux sociaux sont ancrés dans la vie quotidienne et sont souvent utilisés pour effectuer des communications essentielles.
D’autant que la plupart des participants ont été en mesure de réduire considérablement leur utilisation des réseaux (avec une réduction moyenne de l’utilisation de plus de 80 %). « Ce qui suggère que les utilisateurs conservent un certain degré de contrôle sur leurs comportements », indiquent les chercheurs.
Certains participants ont cependant développé des mécanismes de compensation pendant leur abstinence. Ils ont déclaré passer beaucoup plus de temps que d’habitude à jouer à des jeux vidéo par rapport aux périodes d’utilisation normale des réseaux sociaux, ou passer un peu plus de temps à faire des achats en ligne.
Effets positifs comme négatifs
Plusieurs mesures sur l’humeur ont également été réalisées par les chercheurs. Elles ont révélé des informations plus surprenantes. Cette période de sevrage a bien entraîné des effets positifs sur le bien-être des participants - comme une moins grande propension à s’ennuyer. Mais elle a aussi provoqué des conséquences négatives, à un niveau à peu près égal. En clair : faire une détox digitale vous fera autant de bien que de mal.
Les effets négatifs sont liés au pouvoir d’affirmation que peuvent avoir les réseaux sur leurs utilisateurs. Ils « pourraient s’expliquer par une réduction des possibilités de rechercher et d’obtenir des récompenses sociales sur les réseaux sociaux, y compris l’approbation sociale par le biais de likes, de commentaires positifs, d’adeptes, etc. », expliquent ainsi les chercheurs.
Quant aux conséquences positives, les scientifiques supposent qu’ils résultent d’une exposition réduite à des expériences négatives sur les réseaux sociaux : les comparaisons sociales, l’intimidation ou encore le harcèlement.
Quid des effets long terme ?
Une fois la période d’abstinence passée, le temps total passé devant un écran et sur les réseaux lors de la troisième phase est inférieur au niveau de base, celui avant le sevrage. Selon les chercheurs, cela suggère l’absence d’un effet de rebond.
« Il est possible que les participants aient développé des stratégies pour limiter leur utilisation pendant la phase de sevrage et qu’ils aient continué à mettre en œuvre certaines de ces stratégies lorsqu’ils ont repris une utilisation normale », analysent les chercheurs.
Mais étant donné la courte durée de cette troisième phase, les scientifiques ne sont pas en mesure de tirer des conclusions sur les effets bénéfiques d’une période de sevrage sur le long terme.
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