Réseau d’influence de la Russie à Bruxelles : ce que l’on sait des perquisitions au Parlement européen

L’ombre de Moscou plane depuis plusieurs mois sur le Parlement européen, victime d’un réseau d’influence russe cherchant à propager la propagande du Kremlin sur la guerre en Ukraine.
KENZO TRIBOUILLARD / AFP L’ombre de Moscou plane depuis plusieurs mois sur le Parlement européen, victime d’un réseau d’influence russe cherchant à propager la propagande du Kremlin sur la guerre en Ukraine.

INTERNATIONAL - Nouveaux nuages noirs au-dessus de Bruxelles et Strasbourg. Après l’ouverture d’une enquête en avril portant sur l’identification d’un réseau d’influence et de corruption financé par Moscou au Parlement européen, des perquisitions ont eu lieu ce mercredi 29 mai, à quelques jours des élections européennes.

Réseau d’influence de la Russie à Bruxelles : Ce que l’on sait de l’affaire autour du Parlement européen

Selon les premières informations fournies par le parquet fédéral belge, trois lieux ont été perquisitionnés et concerneraient un ancien assistant parlementaire d’un eurodéputé allemand du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Voici ce que l’on sait de ce nouveau rebondissement dans cette vaste affaire, déjà surnommée « Voice of Europe » ou « Russiagate ».

· Un « collaborateur » du Parlement européen

Son identité n’a pas été officiellement confirmée, mais selon une source proche du dossier à l’AFP, l’homme visé par ces perquisitions se nomme Guillaume Pradoura. Il est surtout connu pour avoir été l’ex-assistant parlementaire de l’eurodéputé allemand et tête de liste du parti d’extrême droite AfD Maximilian Krah.

Aujourd’hui, on le retrouve sur la liste des « assistants parlementaires accrédités » de l’eurodéputé néerlandais Marcel de Graaff. Un député européen, membre du Forum pour la démocratie, un parti eurosceptique et conservateur néerlandais.

En 2019, La Provence présentait Guillaume Pradoura comme un Marseillais d’une trentaine d’années, membre de l’extrême droite française, au point d’avoir été assistant parlementaire du numéro 2 du Rassemblement national de l’époque, Nicolas Bay, aujourd’hui vice-président exécutif de Reconquête.

Et comme le racontait également Le Monde la même année, Guillaume Pradoura avait été exclu du RN avant le dernier scrutin européen. En cause ? L’exhumation d’une photographie antisémite sur les réseaux sociaux. Ce qui ne l’avait pas empêché de rebondir du côté de l’extrême droite allemande, auprès de Maximilian Krah donc.

· Trois lieux de perquisition

Dans un communiqué, le parquet fédéral belge indique ce mercredi que « des indices prouvent que le collaborateur du Parlement européen en question a joué un rôle important » dans cette vaste affaire, où plusieurs « membres du Parlement européen sont soupçonnés d’avoir été approchés et payés pour promouvoir de la propagande russe ».

Raison pour laquelle, trois lieux ont été fouillés par la police judiciaire fédérale de Bruxelles. Sur ordre d’un juge d’instruction du tribunal néerlandophone de Bruxelles, la police a donc procédé aux perquisitions du « domicile d’un collaborateur du Parlement européen à Schaerbeek (une commune de Bruxelles) ainsi qu’à son bureau au Parlement européen de Bruxelles ».

Au même moment, en France, « une perquisition a également été menée, à la demande du juge d’instruction belge, dans le bureau de ce collaborateur au Parlement européen de Strasbourg », précise le parquet, en évoquant l’« étroite collaboration avec Eurojust et les autorités judiciaires françaises ».

· Propagande prorusse sur l’Ukraine

Dévoilée dès la fin du mois de mars par les services de renseignement tchèques, cette découverte au cœur du Parlement européen avait rapidement permis l’ouverture d’une enquête portant sur ce réseau d’influence piloté par Moscou.

Ce qui implique plusieurs chefs d’accusations graves contre les membres du Parlement européens potentiellement concernés. Le parquet belge indique à ce titre que ces perquisitions réalisées ce mercredi « s’inscrivent dans le cadre d’un dossier d’ingérence, de corruption passive et d’appartenance à une organisation criminelle ».

En clair, des membres du Parlement européen auraient été approchés et payés pour promouvoir de la propagande russe sur la guerre en Ukraine grâce au « site web d’information » Voice of Europe. Un site promettant « couvrir l’actualité et la politique en Europe et au-delà ».

Rapidement, les soupçons de nombreux membres du Parlement s’étaient orientés vers des membres de l’extrême droite européenne. L’eurodéputée macroniste (Renew Europe) Nathalie Loiseau ciblait encore plus précisément ceux de l’extrême droite « allemande et française » sur franceinfo.

Depuis ces révélations, le site soupçonné de relayer de fausses informations du Kremlin a été placé sur une liste de sanctions de l’UE, et interdit de diffusion. Deux hommes d’affaires liés au site (Viktor Medvedchuk et Artem Marchevskyi) ont également été sanctionnés par Bruxelles pour « désinformation ».

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