Les Républicains ne veulent pas d’Ursula von der Leyen et frondent contre leur propre parti européen

Éric Ciotti estime que l’ancienne ministre allemande est « surtout la candidate de monsieur Macron. »

La fronde des Républicains contre leur propre parti européen (photo de Bellamy et Ciotti prise le 19 février 2024)
KIRAN RIDLEY / AFP La fronde des Républicains contre leur propre parti européen (photo de Bellamy et Ciotti prise le 19 février 2024)

POLITIQUE - Pas en leur nom. Éric Ciotti et le chef de file de la liste des Républicains aux élections européennes, François-Xavier Bellamy, refusent de soutenir le choix de leur propre parti pour la présidence de la commission européenne. Le PPE (Parti Populaire européen) s’apprête à reconduire Ursula von der Leyen et espère la voir mener un second mandat. Non merci, pour les LR.

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« Aujourd’hui, elle incarne une forme de dérive technocratique de l’Europe vers une forme de fédéralisme que nous récusons », a lancé Éric Ciotti ce mardi 5 mars sur franceinfo, dans le sillage de son candidat qui ne loupe pas une occasion de fustiger le bilan de l’ancienne ministre allemande. « C’est surtout la candidate de monsieur Macron », a encore asséné le président du parti Les Républicains, deux jours avant le congrès du PPE.

Retenu à Paris, jeudi 7 mars, par la réunion organisée sur l’Ukraine par Emmanuel Macron, le député des Alpes-Maritimes indique avoir écrit au patron du Parti populaire européen Manfred Weber pour lui signifier que la présidente sortante « ne bénéficiera pas du soutien » de son parti.

Une rupture avec la droite européenne ?

De quoi acter une rupture avec la droite européenne ? Force est de constater que Les Républicains n’ont guère les moyens, avec huit eurodéputés, de peser sur le plus grand groupe du Parlement européen, qui en compte 178 sur 705.

La tête de liste de la droite française, l’eurodéputé sortant François-Xavier Bellamy, en est conscient et a affirmé à l’AFP espérer que les délégués du PPE puissent s’exprimer lors du vote jeudi à Bucarest afin de démontrer que « les Français ne sont pas les seuls à avoir des réserves sur cette candidature ». L’élu, qui stagne autour de 8 % dans les sondages, estime « qu’il y a une frustration très largement partagée par beaucoup de collègues du groupe ».

De son côté, Éric Ciotti, qui explique ne pas croire en la réélection de la présidente sortante et se dit convaincu que le PPE devra chercher une autre solution, « assume(...) être minoritaire » dans sa famille politique. Tous deux l’assurent en revanche : ils n’ont pas l’intention de rompre les rangs et de quitter le parti européen.

Les Républicains n’avaient déjà pas soutenu Ursula von der Leyen en 2019. Ils critiquent depuis sa trop grande proximité avec le chef de l’Etat français - la présidente de la Commission avait par exemple fait un passage remarqué aux dernières universités d’été du parti macroniste Renaissance.

Sur le fond, les LR fustigent une politique beaucoup trop écologiste à leurs yeux, connue sous le nom de « Pacte vert » et cible de la colère des agriculteurs. Sous la pression du PPE, Ursula von der Leyen a d’ailleurs renoncé à la fin de son mandat à certains objectifs sur la réduction de l’usage des pesticides ou la restauration de la nature.

Les élections européennes de juin déboucheront sur un renouvellement des têtes des principales institutions de l’Union, dont celle de la Commission, qui doit refléter l’équilibre politique issu du scrutin. Le PPE compte le plus de chefs d’État et de gouvernement au sein de l’UE et devrait arriver en tête des élections, selon les sondages.

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