Réformer les retraites dès l’automne ? L’idée fait son chemin

Réformer les retraites dès l’automne ? L’hypothès fait son chemin (photo d’illustration d’Emmanuel Macron, ici en juillet 2022)
EMMANUEL DUNAND / AFP Réformer les retraites dès l’automne ? L’hypothès fait son chemin (photo d’illustration d’Emmanuel Macron, ici en juillet 2022)

EMMANUEL DUNAND / AFP

Réformer les retraites dès l’automne ? L’hypothès fait son chemin (photo d’illustration d’Emmanuel Macron, ici en juillet 2022)

POLITIQUE - L’heure de la réforme des retraites a-t-elle sonné ? Le gouvernement affirme étudier « la piste » du prochain budget de la Sécu (PLFSS) pour mener à bien le projet d’allongement des carrières promis par Emmanuel Macron. Une volonté d’aller vite, affichée par le chef de l’État en début de semaine, puis confirmée par Olivier Véran mercredi lors du compte rendu du Conseil des ministres.

Pour le président de la République, effectivement, « les choses importent peu », a-t-il expliqué devant la presse, lundi soir, tant que sa promesse de campagne entre en vigueur « dès 2023 ». Le choix serait inédit : depuis 30 ans, les grandes réformes des retraites sont toutes passées par une loi ad hoc, de Balladur à Fillon en passant par Woerth et Touraine.

Mais rien ne l’empêche a priori. Deux parlementaires spécialistes des affaires sociales assurent ainsi à l’AFP qu’une « réforme paramétrique » serait « tout à fait faisable » dans ce cadre, même si sa mise en œuvre dépasse l’horizon du budget 2023. Un report de l’âge légal, ou un allongement de la durée de cotisation, ne serait donc pas sous la menace d’une censure du Conseil constitutionnel. Libre dès lors au gouvernement d’abattre ses cartes… Et de convaincre ses troupes.

Un choix « cohérent » ?

Certains élus le sont déjà. C’est le cas par exemple des patrons de groupe Aurore Bergé (Renaissance) ou Jean-Paul Mattéi (MoDem), selon Le Parisien, qui raconte une réunion à Matignon avec les poids lourds de la majorité, mardi.

La rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, Stéphanie Rist, est également partante pour intégrer la réforme des retraites, ou un bout, dans ce texte budgétaire. « Je crois nécessaire cette réforme » et ce serait « cohérent » de la faire passer dès les prochaines semaines « par rapport à l’objectif de plein-emploi et au moment où l’on a besoin de pouvoir financer de nouveaux droits comme pour le grand âge », explique-t-elle à l’AFP ce jeudi.

Dans le même esprit, un autre député estime qu’« il y a un intérêt » à intégrer les retraites au budget de la Sécurité sociale « pour expliquer que justement on a énormément de dépenses sociales et que, pour les financer, on peut passer par une mesure d’âge ».

Mais tous ne sont pas sur la même ligne. Il n’y a « pas de consensus », dans la majorité, sur le calendrier d’une réforme intervenant dès l’automne, compte tenu notamment du climat social ambiant, confirme Stéphanie Rist, mais bien « consensus sur le fond ».

Selon Le Parisien, François Bayrou et Stanislas Guerini aimeraient, par exemple, que le gouvernement prenne davantage de temps avant de mener ce projet éruptif. Pour ne pas brusquer la population, déjà confrontée à l’inflation et à la crise énergétique, d’une part, et, de l’autre, ne pas se dédire sur la logique de dialogue qui doit prévaloir pour ce nouveau quinquennat.

« Une provocation de plus », pour ces syndicats

Le quotidien affirme également que la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun Pivet a fait entendre de vives réserves, mardi, à Matignon, en expliquant que l’hypothèse avancée pouvait « faire péter le CNR (le Conseil national de la Refondation) ». Ce que dément son entourage, contacté par Le HuffPost. « Elle n’a jamais tenu ces propos. Et ça n’est clairement pas sa façon de parler quand on la connaît par ailleurs », nous dit-on ce jeudi, sans révéler toutefois le fond de la pensée de l’intéressée, « ce qui se passe en réunion restreinte y reste. »

Il faut dire que le dossier est très sensible. Au-delà du fond, les syndicats sont tous surpris par la méthode et l’hypothèse aujourd’hui avancée, tant elle apparaît en contradiction avec le souhait affiché par l’exécutif de concerter à tout va pour bâtir des « consensus ». « Il faudra qu’on surveille ce budget au quart de millimètre », pressent Pascale Coton (CFTC), citée par l’AFP, évoquant un « passage en force ».

La CGT et FO parlent d’une « provocation de plus », quand Yvan Ricordeau, de la CFDT, le premier syndicat, prévient : « On ne peut pas passer en force dans le budget de la Sécu et vouloir une discussion approfondie dans le cadre du CNR ». Le fameux texte doit être présenté le 26 septembre en Conseil des ministres… Le dilemme devrait être tranché d’ici là.

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