Réforme des retraites: ces visages que l'on va beaucoup voir durant les débats à l'Assemblée

Les députés s'emparent ce lundi du projet de réforme des retraites, qui prévoit notamment un recul de l'âge légal de départ à 64 ans, contre 62 ans aujourd'hui. Après des échanges très musclés en Commission des affaires sociales, plusieurs élus de la majorité présidentielle vont monter au créneau pour défendre le texte. Les oppositions vont chercher de leur côté à marquer des points. Voici les principaux visages qui vont animer les débats dans l'hémicycle.

• Stéphanie Rist

Très discrète, cette députée Renaissance du Loiret est la rapporteure du texte pour la majorité présidentielle. Cette rhumatologue a pour l'instant joué la carte de la rondeur avec les oppositions.

"Quand vous avez plus d’une personne sur deux qui ne se sent pas bien dans son travail, forcément si vous lui dites 'il va falloir travailler deux ans de plus', c’est très brutal", a-t-elle ainsi reconnu jeudi.

La rapporteure dit vouloir éviter le recours au 49.3 sur ce texte: elle espère "vraiment qu'on pourra aller jusqu'au bout" lors des débats dans l'hémicycle, alors que trois jours d'examen en commission n'ont pas permis d'aller plus loin que les deux premiers articles du texte - qui en contient vingt au total. Les députés doivent ainsi examiner quelque 20.000 amendements d'ici au 17 février à minuit.

• Fadila Khattabi

Cette ancienne membre du Parti socialiste, passée ensuite sous giron macroniste en 2017, est présidente de la commission des Affaires sociales. C'est elle qui a arbitré les débats pendant trois jours la semaine dernière dans cette instance. Avant cette épreuve du feu, elle expliquait sur France Inter que cette réforme des retraites, "on ne la fait pas de gaieté de coeur, on la fait parce que nous sommes responsables vis-à-vis des Français". Elle avançait comme "objectif", la sauvegarde de "notre système des retraites qui est basé sur la solidarité intergénérationnelle".

Durant les débats en commission, la députée de Côte d'Or a mené des échanges tendus. On l'a régulièrement vu recadrer ses collègues et surtout hausser le ton contre La France insoumise. Un vif échange avec Rachel Kéké, au cours duquel elle a raillé Jean-Luc Mélenchon, pourrait donner le ton de ses interventions dans l'hémicycle.

• Patrick Vignal

A l'image de Barbara Pompili, Patrick Vignal fait partie des rares membres de la majorité qui ne souhaitent pas voter la réforme en l'état. "Si ça n'évolue pas, je ne voterai pas cette loi", a-t-il annoncé à la mi-janvier.

"Par contre si je vote contre, je quitterai le groupe",a-t-il précisé.

Le député de l'Hérault, ancien du Parti socialiste, souhaite un projet qui ne soit pas "coercitif" mais "incitatif" et appelle à "améliorer le texte". Il réclame notamment des mesures pour l'emploi des seniors. "Comment peut-on allonger la durée de cotisation des seniors quand on sait que souvent, dans de grandes entreprises, on leur donne un ticket de sortie. Ils restent deux ans demandeurs d'emploi et partent à la retraite?", s'est-il interrogé.

• Rachel Kéké

Aux côtés de Mathilde Panot ou François Ruffin, Rachel Kéké, élue en juin sous l'étiquette La France insoumise, sera l'une des oratrices du groupe LFI. Elle veut mettre un coup de projecteur sur la question des femmes. La question de la pénibilité, des carrières hachées et de la pension minimum à 1200 euros devraient également occuper ses interventions. Rachel Kéké les a déjà qualifiées à plusieurs reprises "d'embrouilles".

L'élue de Seine-Saint-Denis s'est déjà illustrée par plusieurs interventions en commission des Affaires sociales, au cours desquelles elle a accusé la majorité de "mépriser les seniors, les femmes, les handicapés". "Vous avez déjà fait 40 lits?" Vous avez déjà fait le ménage?", a-t-elle interpellé, en référence à son expérience de femme de chambre à l'hôtel Ibis des Batignolles, dans le 17e arrondissement de Paris.

• Hadrien Clouet

Hadrien Clouet, député insoumis de 31 ans, fait partie des chefs de file de sa formation sur la réforme des retraites. Ce sociologue, spécialiste de l'emploi et du travail, s'est déjà distingué précédemment comme l'un des principaux orateurs de son groupe lors de l'examen de la réforme de l'assurance-chômage.

Avec quelque 13.000 amendements déposés par LFI, l'élu de Haute-Garonne assure ne pas vouloir "ralentir les débats" mais "forcer le gouvernement à s'expliquer sur chaque article de son projet de loi".

• Pierre Dharréville

Le député communiste des Bouches-du-Rhône sera au premier rang de son groupe pour s'opposer au projet de l'exécutif, aux côtés de ses camarades Sébastien Jumel et Yannick Monnet.

Avant même que les débats ne démarrent, Pierre Dharéville s'est distingué lors de l'audition d'Olivier Dussopt en commission des affaires sociales. L'élu a déclaré à l'adresse du ministre du Travail:

"Vous êtes en fâcheuse posture, je ne comprends pas ce que vous faites encore là... Il faut rentrer avec votre réforme sous le bras".

• Véronique Louwagie

Députée LR depuis 2012, Véronique Louwagie fait partie des figures de la droite qui comptent, malgré sa relative discrétion médiatique. Dans un parti qui a perdu Éric Woerth, l'un de ses meilleurs spécialistes des finances publiques, désormais à Renaissance, l'élue de l'Orne se serait bien vue présidente de la commission des Finances. Battue par l'insoumis Éric Coquerel, elle a finalement hérité de l'une des quatre vice-présidences de cette instance.

Véronique Louwagie dit vouloir défendre le système de "régime de retraites par répartition" et déplore "un problème de communication au niveau du gouvernement" sur son projet de loi. Elle affirme être "favorable à une réforme des retraites", à condition de "corriger un certain nombre de points qui sont peut-être des trous dans la raquette ou qui n’ont pas été appréciés à leur juste valeur".

• Thomas Ménagé

Porte-parole du Rassemblement national, Thomas Ménagé est devenu député cet été dans le Loiret en l'emportant face à l'ancien ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Rapporteur de son groupe sur les retraites, il veut faire de l'extrême droite la première opposante à la réforme et qualifie les membres de la Nupes d'"idiots utiles du gouvernement".

Le député RN ici vise les près de 13.000 amendements déposés par LFI, contre seulement quelque 200 pour son groupe. Interrogé ces derniers jours sur Radio France, il a fugstigé "l'obstruction" parlementaire, "un piège à cons, car c'est donner au gouvernement l'excuse d'utiliser le 49.3, de dire que les oppositions ne sont pas constructives". Lui promet "quelques surprises" de la part du RN pendant l'examen du texte dans l'hémicycle.

Article original publié sur BFMTV.com