Réforme des retraites: rassemblements dans tout le pays contre le 49.3, des violences et plusieurs interpellations

"Ce soir, le pays s'embrase." Le mouvement contre la réforme des retraites semble avoir basculé ce jeudi soir, peu après l'annonce par Elisabeth Borne à l'Assemblée nationale du recours à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter, sans vote, le texte. Un projet de loi pourtant ultra-rejeté par la population française, selon toutes les études d'opinion.

Deux heures à peine après le recours au 49.3, plusieurs groupes de personnes ont commencé à converger à l'appel du syndicat Solidaires vers la place de la Concorde, dénonçant "le coup de force de l'exécutif."

Plusieurs centaines de manifestants les ont rejoint: plus de 6000 personnes étaient présentes vers 19 heures, à appris BFMTV de source policière.

Les autorités ont toutefois fait évacuer la place en raison d'un départ de feu au niveau du chantier de restauration de l'obélisque. La manifestation s'est dispersée dans la soirée et de nombreuses dégradations ont été commises, avec des départs de feu: les manifestants ont incendié des déchets qui n'avaient pas été ramassés, à cause de la grève des éboueurs. Au moins 217 personnes ont été interpellées, selon la préfecture.

Dégradations dans plusieurs villes

Des incidents ont aussi éclaté dans d'autres villes, en particulier à Rennes, où la préfecture a évoqué huit interpellations et autant de garde à vue en fin de soirée, après des dégradations multiples et "26 feux éteints."

À Nantes, où environ 3000 personnes se sont rassemblées en début de soirée, selon la police, l'ambiance s'est aussi rapidement détériorée, rapporte l'AFP. À Marseille sur la Canebière, où des jeunes masqués ont fracassé la vitrine d'une agence bancaire et un panneau publicitaire tandis que d'autres ont mis le feu à des poubelles aux cris de "à bas l'Etat, les flics et le patronat."

Plusieurs centaines de manifestants étaient également présents à Amiens, Lille, Grenoble, Dijon, Le Mans, Strasbourg, Mulhouse, Toulouse, Bordeaux ou encore Besançon.

"Partout le peuple exprime sa colère"

"Ce soir, le pays s’embrase. Partout des rassemblements spontanés s’organisent. Partout le peuple exprime sa colère. Partout les places se remplissent. Le peuple se lève", salue sur Twitter le député LFI Thomas Portes. "Les gens se révoltent parce que c'est le 49.3 de trop", analyse sur BFMTV l'écologiste Sandrine Rousseau.

Les violences ont été condamnées par une large partie de la classe politique, y compris à gauche par Fabien Roussel (PCF). La maire socialiste de Rennes Nathalie Appéré a évoqué sur les réseaux sociaux des violences "sidérantes".

"Ce qui se passe à Rennes est inacceptable. Ces violences urbaines doivent cesser", a abondé Laurence Maillart (Renaissance).

L'intersyndicale n'a, pour l'instant, pas réagi aux violences commises ce soir dans le pays. Après l'annonce du 49.3, elle avait appelé à une neuvième journée de mobilisation le 23 mars et à des actions en région ce week-end.

Darmanin réunit les préfets vendredi matin

Mais dans certaines villes et certains secteurs, les opposants à la réforme se mobiliseront dès vendredi matin. Il est notamment prévu un blocage de la zone industrielle du Havre, à partir de 4 heures.

Le recours au 49.3 par le gouvernement pour faire adopter la réforme des retraites est "un crachat à la figure des travailleurs", a justifié Olivier Mateu, secrétaire de l'Union départementale CGT 13, estimant que seuls les travailleurs "signeront la fin de la partie en obtenant l'abrogation de la réforme.

Signe que la tension est montée d'un cran ce jeudi soir: la patronne des députés Renaissance Aurore Bergé a demandé au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de "mobiliser les services de l'État" pour la "protection des parlementaires" de la majorité.

"Je refuse de voir des députés de mon groupe, ou tout député de la Nation, avoir peur de leur expression individuelle, peur de voter librement car il craindrait des représailles", a écrit Aurore Bergé dans un courrier au ministre.

Selon les informations de l'Agence France presse, Gérald Darmanin doit réunir les préfets ce vendredi matin

Article original publié sur BFMTV.com