Réforme des retraites : le président du groupe Liot demande à Macron de "laisser enfin les députés voter"

À un mois de l'arrivée à l'Assemblée d'une proposition de loi du groupe Liot pour abroger la retraite à 64 ans, son président Bertrand Pancher exhorte le chef de l'État à "trouver une nouvelle voie" à la sortie de crise." "Rien ne serait pire que la catalepsie", assène ce centriste.

Une lettre ouverte pour mettre la pression. Le groupe Liot défendra le 8 juin prochain une proposition de loi pour abroger le report légal de l'âge de départ à la retraite. Mais la majorité présidentielle pourrait vouloir tenter l'obstruction pour éviter le vote des députés. De quoi pousser le président du groupe Bertrand Pancher à interpeller publiquement Emmanuel Macron.

"La tenue d’un scrutin des députés sur des dispositions sur lesquelles ils n’ont, au final, jamais pu voter serait un moyen d’apaiser notre pays, et ce quel que soit le résultat", juge ainsi l'élu dans une lettre ouverte publiée par L'Opinion.

Des chances de vote positif à l'Assemblée

Le groupe Liot, qui a déjà déposé une motion de censure transpartisane, joue sa dernière cartouche pour revenir sur la réforme. Le Conseil constitutionnel en a validé partiellement le contenu et les Sages ont rejeté à deux reprises une demande de référendum d'initiative partagée défendue par la gauche.

Si la contestation dans la rue se prolonge avec des concerts de casseroles qui suivent les ministres comme le président, Emmanuel Macron n'a de cesse d'afficher sa volonté d'appliquer la réforme à la retraite prochaine.

Sur le papier, la proposition de loi a des chances d'être votée si des députés LR joignent leurs voix à celles de la Nupes et de la RN. Son adoption reste néanmoins très hypothétique. Les députés Liot défendront leur texte de 9h à minuit.

L'obstruction possible de la macronie "aggraverait la crise"

Autant dire que la majorité présidentielle pourrait multiplier le dépôt d'amendements pour faire traîner les débats en longueur et empêcher les députés de voter dans les délais impartis.

"Le recours à des manœuvres dilatoires, d’obstruction, ou d’exception alimenterait le feu de la colère et aggraverait la crise démocratique", prévient Bertrand Pancher dans sa lettre ouverte.

Avant de rappeler la multiplication des dispositifs législatifs suivis par le gouvernement, du recours au 49.3 à l'Assemblée nationale qui n'a pas permis aux députés de voter la réforme en passant par le vote bloqué au Sénat ou encore l'activation du 47.1 pour limiter le temps des débats au Parlement.

"Une réforme souffrant d'un défaut de légitimité démocratique"

Le Conseil constitutionnel a souligné de son côté "le caractère inhabituel" de la combinaison de ces dispositions, sans les juger contraires à la loi fondamentale.

"Il en résulte une réforme souffrant d’un défaut de légitimité démocratique, alors qu’elle aura un impact sur des générations de Français", regrette encore Bertrand Pancher.

Le Sénat, possible sauveur du président

"Avec notre proposition de loi, nous proposons une nouvelle voie de sortie de la situation de blocage (...) Plus d’un an a passé depuis votre réélection à la présidence de la République, et rien ne serait pire que la catalepsie", écrit le président de groupe.

Mais même en cas d'adoption du projet de loi abrogeant la réforme des retraites, son avenir semble très incertain. Le texte devrait ensuite aller au Sénat qui a dit oui à deux reprises à la réforme des retraites. Son adoption semble donc peu probable par la chambre haute.

Et même si cela arrivait, il faudrait ensuite qu'une commission mixe paritaire entre sénateurs et députés ait lieu. Mais cette décision revient aux présidents des deux institutions, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, tous deux favorables à la retraite à 64 ans. En cas d'éventuelle réunion, les chances que la CMP soit conclusive sont également très faibles.

Mais politiquement, un vote à l'Assemblée en faveur de l'abrogation de la réforme pourrait mettre fortement en difficulté Emmanuel Macron et le pousser, espère le groupe Liot, à peut-être abandonner la réforme. Le calcul reste pour l'instant très hypothétique.

Article original publié sur BFMTV.com

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