Réforme des retraites : de nouveaux rassemblements dans plusieurs villes ce samedi

Des dizaines de manifestations, souvent spontanées, se sont déroulées à Paris, Nantes, Bordeaux ou Brest. Avec parfois des heurts avec les forces de l’ordre.

RÉFORME DES RETRAITES - Après l’activation du 49.3 et avant le débat sur les motions de censure contre le gouvernement, les opposants à la réforme des retraites mettent à profit le week-end pour exprimer leur colère, dans plusieurs rassemblements en régions et à Paris.

Dans la capitale, la place de la Concorde a été placée sous très haute surveillance de centaines de policiers et des canons à eau prépositionnés. Les forces de l’ordre ont procédé ce samedi 18 mars à de nombreuses fouilles de passants et demandé aux personnes stationnant de circuler.

À 19h, la place s’est vidée des centaines de personnes présentes une heure auparavant qui déambulaient sans pancarte ni banderole, rendant impossible de dire s’il s’agissait de passants ou de manifestants potentiels.

La préfecture avait annoncé plus tôt que tout rassemblement était interdit à cet endroit, situé à quelques centaines de mètres de l’Assemblée nationale et de l’Élysée, lieu de ralliement aux opposants à la réforme jeudi et vendredi soir. Vendredi, des heurts violents s’étaient produits, avec 61 interpellations au final.

Toujours à Paris, la CGT Île-de-France a organisé un rassemblement place d’Italie (sud de Paris), qui s’est mué en cortège et remontait vers le nord de la capitale.

Des heurts commençaient à se produire en début de soirée : feux de poubelles, abribus saccagés etc.

  

Quelques centaines de manifestants ont défilé à Marseille. Dont Romain Morizot, 33 ans, ingénieur télécom dans l’aviation, qui témoigne : « Que nous reste-t-il à part continuer à manifester ? On n’a que la mobilisation, qui était pacifique jusqu’au 49.3. Mais maintenant, ça va potentiellement mettre de la tension sociale partout. On va continuer, on n’a pas le choix ».

Les rassemblements se sont déroulés dans plusieurs lieux en régions, des grosses villes aux bourgs moyens : Lille, Amiens, Caen, Saint-Etienne, Roanne, Besançon, Dijon, Grenoble, Gap, Annecy, Lodève etc.

Tensions à Nantes, Bordeaux et Brest

Certains cortèges ont compté plusieurs milliers de personnes, comme à Nantes (6 000 selon la police, 15 000 selon les syndicats) ou Brest (entre 5 et 8 000), avec quelques tensions.

À Nantes, où un important dispositif policier avait été déployé deux jours après une manifestation violente, une partie du cortège s’est rendue dans l’hyper centre au chant de « Nantes debout, soulève-toi » entre les places Royale et Graslin, un quartier habituellement évité par les manifestants.

La tension est montée d’un cran en milieu d’après-midi. Les forces de l’ordre, cibles de jets de bouteille, ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène tandis que des poubelles étaient enflammées sur les voies du tramway.

À Bordeaux, un cortège improvisé a réuni 1 900 personnes selon la préfecture, et des face-à-face avec les forces de l’ordre ont eu lieu rue Sainte-Catherine, plus longue rue piétonne d’Europe et très fréquentée en ce samedi après-midi.

Jeudi, peu après le recours par Élisabeth Borne à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote, sauf motion de censure, l’intersyndicale avait appelé à des rassemblements ce week-end. Et à une 9e journée de grèves et manifestations le 23 mars.

« Le président de la République suit évidemment l’évolution de la situation » sur le terrain, a indiqué l’entourage d’Emmanuel Macron à l’AFP.

Côté grèves, la mise à l’arrêt de la plus importante raffinerie du pays, la raffinerie de Normandie (TotalEnergies), en Seine-Maritime, a débuté vendredi soir, a indiqué à l’AFP Alexis Antonioli, responsable CGT. Cette opération prendra plusieurs jours et ne devrait pas provoquer de pénuries de carburant immédiates dans les stations-service du pays.

Jusqu’à présent, les grévistes s’étaient contentés de bloquer les expéditions de carburant, mais les raffineries continuaient à produire.

10 000 tonnes de déchets à Paris

Le ministre de l’Industrie Roland Lescure a laissé entendre ce samedi que le gouvernement procéderait à des réquisitions en cas de mise à l’arrêt. « On a montré à l’automne qu’on savait prendre là encore nos responsabilités, on les prendra », en référence aux réquisitions alors prises pour débloquer des sites pétroliers lors de grèves pour les salaires, a-t-il déclaré sur France Info.

De telles mesures sont « en train d’être déployées » avec les éboueurs parisiens, a-t-il ajouté. Dans la capitale, 10 000 tonnes de poubelles s’entassent toujours sur les trottoirs, selon la mairie. Elle évoque ce samedi « une stabilisation » du volume des déchets non ramassés dans la capitale.

Selon la préfecture, « cinq garages de camions-bennes ont repris une activité » et « deux sociétés concessionnaires de traitement ainsi que plusieurs agents (ont) été requis depuis » vendredi.

Les motions de censure, déposées par le groupe indépendant Liot et par des élus du Rassemblement national (RN), seront débattues et mises au vote de l’Assemblée nationale lundi à partir de 16h, une conférence des présidents de l’institution devant donner peu avant son ultime feu vert au déroulé, a-t-on appris de sources parlementaires.

La motion déposée par le petit groupe Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot) est « transpartisane » et cosignée par des élus de la NUPES.

Cette dernière a davantage de chances d’être votée par des députés de droite défavorables à la réforme des retraites que celle du RN. Mais la barre de la majorité absolue pour faire chuter le gouvernement paraît difficile à atteindre.

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