Réforme des retraites : Pour Mélenchon, le gouvernement a « perdu la première bataille »

Réforme des retraites : Pour Mélenchon, le gouvernement a « perdu la première bataille »
NICOLAS TUCAT / AFP Réforme des retraites : Pour Mélenchon, le gouvernement a « perdu la première bataille »

POLITIQUE - Le coup d’envoi est donné. Les premiers cortèges contre la réforme des retraites se sont élancés ce jeudi 19 janvier au matin dans plusieurs villes du pays, de Nantes à Clermont-Ferrand. Jean-Luc Mélenchon, présent à Marseille aux côtés notamment du nouveau chef de la France insoumise Manuel Bompard, a lancé les hostilités en expliquant que le gouvernement a déjà « perdu » une « bataille. » Celle de l’opinion.

« Déjà, il y a une bataille qui est perdue par le gouvernement, qui est tout à fait nouvelle. (...) Cette fois-ci, personne ne croit à la valeur des arguments qu’il présente, a notamment expliqué l’ancien candidat à la présidentielle. Dans le passé il y avait toujours un doute : est-ce que le système est en danger, bref… Les gens sont prêts à faire des efforts », a ainsi avancé le leader des Insoumis. Avant d’ajouter, sentencieux : « Mais là, ils savent qu’on leur ment et que ce n’est pas vrai. On est en train de leur prendre un petit bout de vie pour en donner le montant équivalent à d’autres, qui sont ceux qui se gavent. »

« Cette réforme n’a pas de sens » et Emmanuel Macron « ne tiendra pas », a-t-il également assuré devant les journalistes, au premier jour de la mobilisation contre ce fameux projet, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus. Plusieurs centaines de milliers de personnes sont attendues dans les rues ce jeudi, à l’appel de toutes les organisations syndicales, très remontées contre un texte qu’elles jugent « brutal et injuste ».

« La bataille de l’opinion est déjà gagnée », selon Ruffin

Un peu plus tard dans la matinée, François Ruffin est allé dans le même sens, estimant de son côté que « la bataille de l’opinion est déjà gagnée », par le camp des opposants au projet. « On doit passer avec l’élan de cette journée du ’On a raison’ à ’On peut gagner, on peut battre Macron sur cette réforme’ », a-t-il clamé, depuis Abbeville, dans la Somme, au micro de BFMTV.

Force est de constater que plusieurs éléments donnent raison aux deux Insoumis sur la question de l’opinion. Les sondages se suivent et montrent une réticence importante de la population à l’égard du report de l’âge de départ en retraite, le point central du projet. 65 % des Français sont contre la réforme selon notre étude YouGov menée une semaine avant la présentation du texte, une tendance qui est depuis en hausse selon d’autres instituts. Elabe note par exemple un bond de sept points en une semaine pour ce qui est de la part des mécontents.

Parmi les autres signaux, on peut également relever la « viralité fulgurante » de la pétition lancée par l’intersyndicale sur le site Change.org. Le compteur affiche aujourd’hui 600.000 signatures (ou presque), dont 500.000 recueillies en sept jours. « C’est assez exceptionnel », confirmait Aminata Dembelé, la directrice de la plateforme, mercredi, au HuffPost. De quoi augurer une contestation tenace dans la rue ?

Un succès dans la rue ?

C’est en tout cas le souhait des huit centrales réunies pour la première fois depuis douze ans pour ce jeudi « test ». Au total plus de 200 points de rassemblement sont prévus en France ce jeudi pour le premier acte. Les autorités attendent 550.000 à 750.000 manifestants, dont 50 à 80.000 dans la capitale -où les manifestants défileront entre les places de République à de la Nation- tandis que certains syndicats ou responsables politiques rêvent d’attendre la barre symbolique du million de participants.

Ils espèrent en tout cas faire mieux que le 5 décembre 2019 : au démarrage de la contestation contre le précédent projet de réforme des retraites, alors porté par Édouard Philippe, la police avait compté 806.000 manifestants en France, la CGT 1,5 million.

Là aussi, les premières remontées sont positives pour la mobilisation. Le taux d’enseignants grévistes s’établit à 42,35 % dans le primaire et 34,66 % dans le secondaire (collèges et lycées) selon le ministère, qui donne des chiffres bien en deçà de ceux des syndicats. Le Snes-FSU, première organisation du secondaire évoque plutôt 65 % de professeurs de collèges et lycées grévistes quand le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, recense 70 % d’enseignants grévistes.

Dans le même temps, le trafic est interrompu au port de Calais, premier de France pour les voyageurs, en raison d’une grève des officiers de port prévue jusqu’en fin d’après-midi. Raffineries et dépôts pétroliers étaient aussi appelés à cesser leurs activités. La CGT Mines-Énergie a de son côté annoncé une grève reconductible, tandis que les baisses de production d’électricité se sont ainsi fortement intensifiées, atteignant au moins l’équivalent de deux fois la consommation de Paris. L’épreuve de force est bien lancée.

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