Réforme des retraites: le grand examen du gouvernement

Elisabeth Borne était l'invitée de TF1 ce jeudi soir. - Ludovic MARIN / AFP
Elisabeth Borne était l'invitée de TF1 ce jeudi soir. - Ludovic MARIN / AFP

Il n'y a peut-être pas que les bacheliers qui passeront un examen déterminant pour leur avenir lundi après-midi. Le vote d'éventuelles motions de censure déposées par le RN et le LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) a tout de l'épreuve déterminante pour l'avenir du gouvernement Borne.

"C'était écrit" c'est par ces mots que Karl Olive député Renaissance des Yvelines s'est exprimé à propos de l'impopularité de cette réforme sur nos antennes. Si le gouvernement s'attendait certainement à une vague de contestations aussi massive, difficile de savoir s'il avait prévu les 10.000 tonnes de déchets sur les trottoirs parisiens ou le blocage de la plus grosse raffinerie Total à Gonfreville-l'Orcher.

Difficile de prévoir aussi un retour aussi violent contre certains politiques tous bords confondus. En quelque jours, Eric Ciotti (LR), Mathieu Lefèvre (Renaissance), Amel Gacquerre (Union centriste) ont tous vu leurs permanences être dégradées voire caillassées comme une illustration des tensions qui règne dans le pays.

Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Cevipof parle lui d'un "énième épisode d'une crise beaucoup plus structurelle". Après plusieurs mois marqués par une augmentation du taux d'inflation qui se répercute directement dans le quotidien des Français, cette réforme emmenée à grands coups de 49.3 a tout pour symboliser un ras-le-bol général.

Battre le rappel des soutiens

C'est pourquoi avant ce vote de confiance au gouvernement, beaucoup de figures de la majorité n'hésite pas à décrédibiliser les tentatives de motions de censure et à rappeler certains alliés à leurs engagements. Karl Olive évoque une "trahison" des Républicains en appelant à une "prise de responsabilités" tandis que Bruno Le Maire a lancé un appel dans les colonnes du Parisien afin que LR "retrouve ses esprits". Si Eric Ciotti a déjà assuré qu'il ne voterait pas de motion de censure afin de ne pas "rajouter du chaos au chaos", certains membres de LR voire de la majorité ont fait savoir qu'il soutiendrait les motions de censure.

Il s'en est fallu de peu pour que la réforme soit soumise au vote mais le fait que l'écart entre l'éventualité ou non d'une motion de censure ne tienne qu'à une vingtaine de voix a tout pour inquiéter l'exécutif. Si les motions de censure n'aboutissent pas, la réforme des retraites sera officiellement adoptée. Elles constituent à l'heure actuelle le seul moyen d'empêcher l'adoption d'une loi par le biais du 49.3.

A noter également qu'Emmanuel Macron voit sa côte de popularité au plus bas (28%) depuis la crise des gilets jaunes, une époque où le président avait dû revoir tout son agenda politique. Elisabeth Borne affiche, elle aussi, un taux record de 67% de mécontentement selon le dernier sondage paru dans le JDD.

La Première ministre en première ligne de cette réforme depuis des mois pourrait faire les frais de cette impopularité, elle qui a déjà dégainé à 11 reprises en 10 mois de mandat le 49.3 et voit se profiler de nouvelles discussions houleuses autour d'une loi sur l'immigration.

Article original publié sur BFMTV.com