Réforme des retraites : les Français ne comprennent pas l’objectif de Macron - EXCLUSIF

Les Français ne veulent pas de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron (ici le 13 septembre 2022)
LUDOVIC MARIN / AFP Les Français ne veulent pas de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron (ici le 13 septembre 2022)

POLITIQUE - Travailler plus longtemps ? Non merci. Les Français ne sont pas favorables à la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron, et à son principal objet : le décalage de l’âge légal de départ de 62 à 65 ans. Une difficulté supplémentaire pour l’exécutif, déjà contraint de reculer cet automne, sur la forme, face à la pluie de critiques et au risque de fissure au sein même de la majorité.

Selon le sondage réalisé par YouGov le lundi 3 et mardi 4 octobre, pour Le HuffPost, plus de 6 Français sur 10 sont opposés au projet promis par le chef de l’État pendant la dernière campagne présidentielle. Parmi les points saillants de la réforme, on retrouve l’allongement du temps de travail, donc, la fin des régimes spéciaux ou la garantie d’une pension minimum de 1100 euros, sous conditions. Mais pas de quoi convaincre.

Dans le détail, 66 % des personnes interrogées pour l’enquête se disent défavorables au projet mis en négociation par l’exécutif. À l’inverse, ils ne sont que 23 % à être partant, à l’heure où débutent les consultations avec les partenaires sociaux au ministère du Travail. Plus révélateur encore de la réprobation que soulève cette réforme : Un Français sur deux (48 %) se dit « tout à fait défavorable » à la chose, soit l’option la plus négative proposée, quand ils ne sont que 8 % à cocher la réponse la plus positive, « tout à fait favorable.  »

La conséquence des hésitations ?

En réalité, seuls les Français proches des idées d’Emmanuel Macron se prononcent pour le report de l’âge de départ en retraite. (66 % contre 26 %). Même les électeurs des Républicains sont divisés (45 % - 45 %), alors que leur candidate à la dernière présidentielle promettait, peu ou prou, les mêmes changements. Plus décidés que leur electorat, les députés LR sont, eux, favorables à la philosophie de la réforme encore aujourd’hui.

Mais quelle est-elle ? Pour les Français, ce n’est pas clair du tout. Seules 35 % des personnes interrogées par YouGov, à l’heure où la réforme revient sur le tapis, disent « comprendre le ou les objectifs » du projet d’Emmanuel Macron pour le système des retraites… Quand ils sont 55 % à affirmer l’inverse. Difficile, dans ces conditions, d’entraîner l’adhésion.

La conséquence de plusieurs années de doutes et d’hésitations ? Il faut dire que la réforme des retraites version 2022 n’a pas grand-chose à voir avec celle promise par Emmanuel Macron en 2017, puis votée en 2019 par l’Assemblée nationale (grâce à l’article 49.3). Sur le fond, comme sur les objectifs. Au départ, la formule « à points » devait harmoniser les règles pour les rendre plus justes. S’est ajouté l’enjeu, controversé, de pérenniser financièrement un système, certes excédentaire cette année, mais « structurellement déficitaire », selon le ministre du Travail Olivier Dussopt. Désormais, le gouvernement n’hésite pas à mettre en avant ce texte comme une source d’économie et un moyen de produire davantage de richesse pour financer le « modèle social » français, de l’éducation à la santé.

Charge désormais au gouvernement de sortir les arguments pour convaincre la population avant des débats hivernaux, sans doute enflammés, au Parlement. Les données récoltées par YouGov montrent en tout cas que les Français n’ont pas forcément voté pour Emmanuel Macron afin qu’il mette en œuvre sa réforme phare… Comme le claironnent pourtant les responsables de la majorité. C’était d’ailleurs l’argument du porte-parole Olivier Véran, mardi, pour balayer l’idée d’un référendum sur la question. On le comprend.

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