Réforme des retraites : le compte est encore (très loin) d’y être pour voter la loi

Olivier Dussopt et Élisabeth Borne photographiés à l’Assemblée nationale le 18 février.
Olivier Dussopt et Élisabeth Borne photographiés à l’Assemblée nationale le 18 février.

POLITIQUE - L’échéance approche et les calculettes chauffent. Alors que la Commission mixte paritaire devra trouver un compromis sur la réforme des retraites ce mercredi 15 mars, le texte qui en sortira devra être ratifié par le Parlement. Si l’issue du vote au Sénat ne fait guère de toute après l’adoption de la réforme en première lecture, celle de l’Assemblée nationale est particulièrement incertaine.

Sur le papier, la Macronie (qui souffre d’une majorité relative au Palais Bourbon) a besoin de 287 voix pour faire passer son texte controversé. Ce qui implique de faire le plein dans ses propres rangs (249 voix), et d’engranger 38 votes supplémentaires ou de compter sur des absententions de députés hostiles. Or, pour le moment, les comptes ne sont pas bons.

Plusieurs médias, dont Le HuffPost et BFMTV, ont entrepris un décompte théorique des forces en présence. Et selon les dernières projections de la chaîne d’information en continu qui fait un relevé quasi-quotidien des députés prêts à voter le texte, la réforme n’est pas assurée d’obtenir la majorité absolue. Ce graphique confirme ainsi que la majorité est dans la zone dangereuse.

En cause notamment, la volatilité des troupes LR, dont une bonne partie (une vingtaine de députés sur 61) s’apprêtent à voter contre, alors que 23 n’ont toujours pas fait leur choix. « Le gros du problème sera chez LR », a admis ce mardi 14 mars Éric Woerth sur Public Sénat, ancien du parti de droite rallié à Emmanuel Macron.

Il faut dire qu’en dépit des concessions faites par le gouvernement, le bras d’honneur adressé par le garde des Sceaux à Olivier Marleix, président du groupe LR, « n’a pas facilité les choses », reconnaissait la semaine dernière auprès du HuffPost un parlementaire de droite. D’autant qu’au Sénat, où la majorité LR était annoncée en phase avec la réforme, six sénateurs LR ont voté contre le texte, et 18 se sont abstenus.

Un possible déficit du soutien de la droite qu’Olivier Marleix a néanmoins relativisé ce mardi en conférence de presse. « Ils sont sans doute entre 15 et 20, des gens qui réfléchissent encore entre le vote contre et l’abstention », a déclaré le député d’Eure-et-Loir, laissant entendre que l’autre partie de son groupe se rangera derrière le texte.

Pour autant, la difficulté semble aussi concerner les troupes macronistes. Lors de notre dernier décompte réalisé en février, l’ensemble des élus Renaissance étaient considérés comme des soutiens à la réforme, à l’exception de quelques députés à la marge, comme Barbara Pompili.

Or, plus d’un moins plus tard, Élisabeth Borne n’est pas certaine de faire le plein de voix. Auprès de BFMTV, seuls 132 députés Renaissance, sur les 169 que compte le groupe présidé par Aurore Bergé, se disent certains de voter le texte. Même chose chez les députés MoDem, seulement 27 sur 51 à ce stade et chez leurs collègues Horizon : 19 sur 29 députés. Résultat : seulement 196 élus sûrs de voter la réforme, alors que 287.

Un chiffre faible qui ne présage de rien mais qui montre une certaine fébrilité de la majorité, en dépit de la menace d’exclusion qui pèse sur les élus qui ne voteraient pas le texte. De quoi redonner de la force à l’hypothèse explosive du 49-3, d’autant que le gouvernement ne pourra pas compter sur le renfort du groupe Libertés Indépendants Outre-mer et Territoires. En conférence de presse, Bertrand Pancher, le président du petit (mais stratégique) groupe LIOT a annoncé « à peu près entre 16 et 17 » voix contre le texte, et « quatre à cinq abstentions » au sein de ses troupes, comptant 20 élus.

Auprès du HuffPost, un socialiste tente un pronostic : « ils seront plus de 196 à voter pour la réforme ». Reste à savoir s’ils seront 287.

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