Réforme des retraites : les chiffres d’une opposition croissante - SONDAGE EXCLUSIF

Réforme des retraites : les chiffres d’une défiance croissante - EXCLUSIF
Réforme des retraites : les chiffres d’une défiance croissante - EXCLUSIF

POLITIQUE - Les semaines se suivent pour le gouvernement, et se ressemblent dangereusement : la réforme phare des retraites qu’il défend continue de susciter une opposition croissante des Français. C’est en tout cas le principal enseignement du sondage YouGov réalisé pour Le HuffPost juste avant l’arrivée du texte au Sénat et le retour de la contestation sociale.

Dans le détail, 71 % des Français sont opposés au projet d’Élisabeth Borne et 73 % se disent défavorables à sa disposition cardinale, le report de l’âge de départ en retraite de 62 à 64 ans, celle contre laquelle les syndicats ferraillent. C’est un point de défiance en plus pour chaque item que le mois précédent.

Plus délicat encore, pour l’exécutif, ils n’étaient que 67 % à se prononcer contre un nouveau couperet à 64 ans début janvier, quelques jours avant que la Première ministre ne dévoile les contours de son projet, à peine effleuré par les députés depuis. En résumé : les rangs de l’opposition ont grossi (de six points) à mesure que le gouvernement expliquait son projet, sans parvenir à lever les doutes sur certaines zones d’ombre.

Un texte « juste » pour… 17 % des Français

Une défiance croissante que l’on retrouve à travers d’autres questions posées aux personnes sondées. Ainsi, seuls 21 % des Français estiment que la réforme défendue bec et ongles par Élisabeth Borne et Emmanuel Macron est claire, contre 75 % qui voient, eux, trouble. Ils ne sont d’ailleurs que 4 % à opter pour la réponse la plus favorable, à savoir « tout à fait clair. »

Pas clair, donc, et pas équitable, surtout. Selon la même étude menée par YouGov, 17 % de la population seulement trouve « juste » le texte de l’exécutif. Presque 8 Français sur 10 affirment l’inverse (79 %). La preuve que l’argument du gouvernement, affiché jusque dans les visuels de la présentation de la réforme, pour un texte « indispensable », « difficile », mais « juste » ne prend (vraiment) pas. Et les conséquences d’une communication erratique ?

Il faut dire que le gouvernement n’a pas fait montre d’une immense clarté quant à l’enveloppe des « 1200 euros » promise aux retraités. Emmanuel Macron a parlé d’une « retraite minimale » pendant la campagne présidentielle, avant que ses ministres (et les visuels du parti Renaissance) laissent miroiter un seuil plancher ou une somme sonnante et trébuchante. Or, il n’en est rien.

Le ministre du Travail a reconnu, au fil du temps et des discussions difficiles à l’Assemblée, que seul 10 à 20.000 nouveaux retraités par an seraient concernés par cette mesure de « justice », censée faire passer la pilule de l’impopulaire report de l’âge légal. Soit environ 2 % des 700.000 personnes qui arrivent à la retraite chaque année.

Résultat : 68 % des Français estiment que cette mesure phare des 1200 euros n’est pas plus claire aujourd’hui que lors de la présentation du texte. Pas fameux, après deux mois de pédagogie.

*Cette enquête YouGov a été réalisée sur 1002 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France du 27 février au 1er mars 2023.

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