Réforme des retraites : Bayrou prend ses distances avec cette phrase de Macron sur la foule

Emmanuel Macron et  Francois Bayrou le 12 décembre 2022, en marge d’une plénière du CNR.
Emmanuel Macron et Francois Bayrou le 12 décembre 2022, en marge d’une plénière du CNR.

POLITIQUE - Lui président n’aurait « pas dit les choses comme ça. » François Bayrou, président du MoDem donc allié d’Emmanuel Macron a pris ses distances avec des déclarations du président de la République qui a déclaré la veille que « la foule » n’est pas « légitime » face « au peuple qui s’exprime à travers ses élus ».

Le commissaire au Plan n’est pas allé jusqu’à parler de « dérapage » ou de « bras d’honneur » comme certains représentants de l’opposition. Pour autant « moi, je n’aurai pas dit les choses comme ça », indique-t-il prudemment sur franceinfo ce mercredi 22 mars, estimant que « chacun a sa légitimité ».

« Pour ma part, je ne nierai pas légitimité des manifestations. Quelque chose s’exprime », nuance François Bayou, précisant avoir raté le dîner qui a réuni les parlementaires de la majorité à l’Élysée dans la soirée car retenu par un autre engagement.

Pour autant, le centriste ne s’est pas désolidarisé franchement des propos du président. « Le président de la République a eu une formule. La mienne est un peu différente mais je donne l’illustration de la formule » d’Emmanuel Macron. Illustration qu’il a trouvée aux États-Unis, dans l’invasion du Capitole par les partisans de l’ex-président Donald Trump le 6 janvier 2021. « Lorsqu’ils ont attaqué le Capitole, c’était une foule, mais elle n’avait pas la légitimité des institutions », a-t-il expliqué.

« Les manifestations ont leur légitimé. Mais ce n’est pas une légitimité supérieure à la légitimité démocratique. La Constitution dit que la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce au travers de ses représentants », ajoute-t-il.

L’autre avertissement d’un historique de la Macronie

Cette sortie d’Emmanuel Macron a indigné les oppositions, François Ruffin, député du groupe LFI, qualifiant par exemple Emmanuel Macron de « pompier pyromane ». « Ce n’est pas la foule qui s’oppose à Emmanuel Macron, c’est le pays tout entier presque », estime-t-il sur LCI, tandis que la cheffe du groupe Mathilde Panot parle de « provocation ». L’écologiste Sandrine Rousseay estime que « quand il utilise le terme foule on a l’impression d’une horde de sauvages. » « Mais nous ne sommes pas une horde de sauvages. Nous sommes un mouvement social et ça se respecte », assène-t-elle.

« C’est un vocabulaire qui m’inquiète un peu de la part du président de la République. (...) Le rôle du président de la République c’est de chercher à apaiser dans ces moments-là et pas de donner le sentiment de jeter de l’huile sur le feu », pointe sur France Inter le président du groupe LR Olivier Marleix, qui juge « urgent qu’il rectifie le tir et change de vocabulaire lors de son intervention de ce midi ».

Sur Europe 1, le député de Paris Gilles Le Gendre, historique de la Macronie, a volé au secours du président de la République, estimant qu’il n’avait rien dit de faux : « Le président enfonce une porte ouverte, dans notre pays, c’est le Parlement qui décide, qui vote la loi », rappelle-t-il. Avec cependant un petit conseil, en amont de sa prise de parole très attendue aux journaux de TF1 et France 2 : « En revanche, s’il s’agit de dire aux Français que nous avons parfaitement compris la gravité de la crise, alors là oui, il faut le dire, la foule doit être entendue. Ce que j’attends du président lors de son intervention, c’est que précisément il porte un diagnostic sans concession sur la situation relativement grave que nous connaissons depuis quelques semaines », indique-t-il. Sera-t-il, lui aussi, entendu ?

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