Réforme des retraites : au Sénat, la gauche adopte la stratégie du disque rayé

Les sénateurs EELV, PS et PCF ont répété leur opposition aux « droites coalisées » qui ont « dévitalisé la fonction de parlementaire » dans le cadre des débats sur la réforme des retraites.

POLITIQUE - Le palais du Calembour. La gauche sénatoriale regrette la tournure des débats à la Haute assemblée sur la réforme des retraites, contraints par plusieurs articles de son règlement intérieur ou de la Constitution. C’est donc pour dénoncer le « bâillonnement » des opposants au texte que plusieurs élus communistes, socialistes ou écolos ont fait tourner un disque rayé dans l’hémicycle, ce samedi 11 mars, à la veille de la clôture des discussions.

Les parlementaires se sont effectivement succédé au micro pour défendre leurs amendements en répétant tous – ou presque – le même propos introductif, comme vous pouvez le voir ci-dessous, avant d’enchaîner sur leurs arguments de fond.

Une introduction martelée sur plusieurs tons, avec tous les accents et quelques rares variantes, que voici : « Vous avez décidé de dévitaliser la fonction de parlementaire par l’addition de toutes les procédures que vous offrent la Constitution et le règlement. Vous espériez sans doute que nous laisserions la retraite des Français entre les mains des droites coalisées mais nous ne sommes pas dupes. Les Français non plus et nous ne lâcherons rien, nous ne les lâcherons pas. »

Une ritournelle qui continue en fin de matinée, à l’heure où nous écrivons ces lignes. De quoi provoquer tantôt les sourires de l’assistance, tantôt l’agacement de ceux qui veulent aller plus vite – le gouvernement et la majorité sénatoriale (LR) favorable au projet.

Questions de temps

Car c’est bien là tout l’enjeu de ces dernières heures de débats au Sénat. Le gouvernement a déployé les grands moyens vendredi pour accélérer les échanges déjà chahutés et s’assurer la tenue d’un vote, en dégainant l’article 44.3 de la Constitution. Ce dernier permet un vote unique sur l’ensemble du projet de loi, sans mettre aux voix les amendements auxquels le gouvernement est défavorable.

Si les amendements ne peuvent pas être débattus ni votés, ils peuvent toutefois être présentés par leurs auteurs à travers des prises de parole de deux minutes… Ce que s’emploie à faire la gauche après avoir dénoncé un « coup de force » et crié au « sabordage du Sénat ».

Invité de la chaîne Public Sénat, Sophie Primas, sénatrice Les Républicains, a critiqué un « comique tout à fait relatif » de la part des écolos, des communistes et des socialistes, qui « ne fait plus rire. » À gauche, on assume au contraire « une façon de rythmer le débat et de revenir à l’essentiel de nos convictions », selon les mots du sénateur socialiste Jérôme Durain sur la même antenne.

« Il y a deux sujets : une procédure parlementaire dévoyée depuis le début, ce qui se passe au Sénat n’échappe pas au péché originel de cet article 47-1. L’autre aspect est politique et social, concerne les Français, c’est l’absence de concertation syndicale, le mépris pour la démocratie sociale, l’entêtement qui provoque des manifestations (...) tout cela, c’est résumé en trois phrases », a ainsi expliqué le parlementaire pour justifier le couplet repris en chœur par ses collègues. Les débats doivent s’achever ce dimanche soir au Palais du Luxembourg.

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