Référendum pour les retraites : le RN met la Nupes dans l’embarras

Le vote de la motion référendaire du RN renvoie la NUPES à ses vieux démons (photo d’illustration prise lors d’un meeting commun contre la réforme des retraites le 10 janvier à Paris)
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Le vote de la motion référendaire du RN renvoie la NUPES à ses vieux démons (photo d’illustration prise lors d’un meeting commun contre la réforme des retraites le 10 janvier à Paris)

POLITIQUE - Associer ses voix à celles du RN, telle est la question qui taraude - une fois encore - la NUPES. Ce mercredi 1er janvier, les partis de l’alliance de gauche affichent à nouveau leurs divergences sur ce sujet après la décision du bureau de l’Assemblée nationale de soumettre au vote la motion référendaire du Rassemblement national et non celle de la gauche sur la réforme des retraites.

Mardi, au Palais-Bourbon, par un simple coup du sort, le RN a damé le pion au PCF pour défendre dans l’hémicycle cette demande de référendum sur la réforme des retraites, alors que le parti de gauche l’avait déposée quelques jours avant.

« Scandaleux »

C’est alors d’une même voix que socialistes, écologistes, insoumis et communistes ont dénoncé ce choix de la conférence des Présidents de l’Assemblée nationale, au mépris selon eux du règlement du Palais Bourbon. Une lettre de recours signée par les quatre présidents de groupes a été immédiatement envoyée à la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet pour « exiger l’annulation » du tirage au sort « scandaleux ».

L’unité s’arrête ici. Car en attendant une réponse - qui a toutes les chances de leur être défavorable - les députés de la NUPES doivent quand même prendre position. Faut-il, au nom de leur opposition à la réforme des retraites, faire fi de l’origine de la motion référendaire et y apporter leurs voix ?

Mi-résolu

Chez les Verts, la question est vite répondue : c’est non. « Je le dis pour le groupe écologiste, nous ne voterons pas cette motion référendaire », assène, catégorique, Sandrine Rousseau sur Europe 1 ce mercredi. « Non pas que sur le fond nous ne souhaitions pas ce référendum, nous le souhaitons. Mais par contre, nous l’avons décidé et nous le ferons pendant toute la mandature, nous ne pouvons pas collaborer avec un mouvement fascisant comme l’est le Rassemblement national, avec les racines qui sont les siennes et qui viennent de la collaboration française. Il n’en est pas question », ajoute l’élue de Paris, sur la même ligne que la cheffe du groupe Cyrielle Chatelain.

Les députés socialistes aussi disent non. « Nous ne voterons pas cette motion », confirme au Figaro leur chef, Boris Vallaud. La position est donc très claire sur deux groupes sur quatre. Au sein de LFI et du PCF, c’est plus compliqué.

Mi-irrésolu

Le communiste André Chassaigne refuse pour l’instant de se prononcer. « On conteste et on met en œuvre d’autres stratégies avant de prendre une décision sur le vote », esquive-t-il dans le quotidien. Le numéro 1 de la France insoumise Manuel Bompard adopte la même stratégie et assure que la question sera abordée au sein du groupe.

Sauf que... la question s’est déjà posée pour les insoumis. Depuis l’entrée en force du RN au Palais Bourbon, l’opposition de gauche a été confrontée au moins une fois à cette problématique, lors de l’étude de la motion de censure du RN contre le 49.3 pendant l’examen du budget, le 24 octobre dernier.

Comme aujourd’hui, les socialistes comme les écologistes s’étaient immédiatement prononcés contre. Et comme aujourd’hui, d’autres représentants de l’alliance se montraient moins catégoriques. À commencer par Manuel Bompard : « En ce qui me concerne, je pense qu’il faut voter l’ensemble des motions de censure qui seraient déposées », déclarait-il alors sur Public Sénat. In fine, aucun élu LFI n’avait apporté sa voix à la motion RN, à l’exception de Jean-Philippe Nilor, apparenté insoumis. Mais LFI entend visiblement remettre le sujet sur la table.

Avant la décision de l’Assemblée, Manuel Bompard avait laissé entendre qu’il ne s’insurgerait pas si les députés RN venaient à voter la motion de la NUPES. « Je demande à tous les députés, quels qu’ils soient, s’ils ne sont pas d’accord avec le projet de loi sur les retraites, d’utiliser les moyens législatifs pour le rejeter », déclarait-il sur franceinfo le 26 janvier. Voilà la question qui se retourne contre lui, pour le plus grand plaisir des élus du Rassemblement national.

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi