Réchauffement climatique et viticulture vont donner à la Bretagne une nouvelle raison d’être fière
SCIENCE - Ar gwin a vez tennet, maintenant il faut le boire. Dans l’océan de mauvaises nouvelles que porte le réchauffement de la planète, il est des prévisions qui valent un peu d’optimisme. Une nouvelle étude sur l’adaptation des régions viticoles face au réchauffement, parue dans la revue Nature ce mardi 26 mars, porte en elle de quoi s’inquiéter… mais aussi un peu d’espoir. Surtout si votre région de cœur est celle d’Anne de Bretagne.
L’étude, réalisée par une équipe française sous l’égide de l’École nationale des sciences agronomiques, précise région par région l’état de la menace : année après année, faire du vin dans les régions méditerranéennes s’avère de plus en plus difficile, et cette tendance ne devrait pas changer alors que l’étude mise sur le scénario, plus que probable, d’un réchauffement à 2° au-dessus des températures préindustrielles. Car le problème n’est pas uniquement la chaleur (qui décale les récoltes), c’est aussi l’eau. Ou plutôt son absence.
En France et en Espagne méditerranéenne, dans la vallée du Po en Italie, la péninsule balkanique ou le sud-ouest de la Mer noire, « la rareté de l’eau risque de rendre impossible l’augmentation de l’irrigation nécessaire pour préserver ces régions viticoles », indique l’étude. Amateurs de vin du Languedoc, pensez à garnir votre cave…
Du pinot noir tendance breizh
Pourtant tout n’est pas si sombre, du moins dans l’Hexagone. Les températures qui s’adoucissent permettent d’ouvrir certains territoires à la culture du vin : une tendance que certaines régions françaises connaissent déjà depuis plusieurs années, voire décennies. L’Île-de-France ou la Picardie, des territoires d’une longue tradition viticole quasi-disparue, reprennent déjà des couleurs.
Pour eux, le réchauffement améliore les conditions existantes. Mais une seule zone, dans l’Hexagone, devient pour les chercheurs un territoire « propice à la viticulture » alors qu’il ne l’était guère : la Bretagne.
Bien sûr, les amateurs vous diront que les vins bretons n’ont pas attendu que le monde passe au-dessus des 2 degrés pour permettre à la vigne de se développer. Mais en comparaison avec le voisin nantais, la production est embryonnaire : « C’est bien le mot », confirme au HuffPost Yves Abautret, secrétaire de l’Association pour la Reconnaissance des Vins Bretons, « C’est en 2023 que deux vignerons ont commercialisé leurs premières vendanges ». Pour la cuvée 2024, ils devraient être 5 ou 6.
La faute, bien sûr, à un climat jusqu’ici peu propice à la majorité des cépages utilisés par l’industrie viticole : des températures trop basses et des précipitations trop abondantes ne permettent pas au raisin d’être assez sucré. Mais comme l’indiquent les cartes ci-dessous, tirées d’un travail de la même équipe datant de 2023, c’est presque tout le territoire breton qui devient adapté à la maturation du chardonnay, du sauvignon et du pinot noir entre 2030 et 2060.
Et ça, pour les producteurs locaux ou ceux qui rêvent de le devenir, c’est une perspective réjouissante, qui laisse place à la créativité : « L’ambition, c’est de produire des vins qui ne ressemblent à aucun autre », s’enthousiasme Yves Abautret. Mais bien sûr, il y a de nombreux paramètres climatiques qui feront ou non de la Bretagne le nouveau pays de cocagne des grands crus : par exemple, l’intensité du réchauffement, qui selon le gouvernement lui-même, pourrait atteindre en France non pas 2 mais 4° ... Comme pour l’alcool donc, avec modération. Sinon bonjour les dégâts.
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