Réagir

Quand on relit aujourd’hui la liste des valeurs fondatrices de l’Union européenne, on ne peut s’empêcher d’avoir un hoquet. «Dignité humaine, liberté, démocratie, égalité, droit des minorités…», autant de mots qui fleurent bon le paradis perdu. Démocratie en Pologne où le nouveau gouvernement est piloté dans l’ombre par le président du parti populiste Droit et justice, Jaroslaw Kaczynski, que certains comparent au fou furieux Kim Jong-un ? Liberté en Hongrie, où le très autoritaire Viktor Orbán n’hésite pas à mettre les médias publics en coupe réglée et à faire racheter chaînes d’info ou sites Internet privés par ses amis oligarques ? Dignité humaine au Danemark, où l’on dépouille les réfugiés de leurs biens à leur arrivée ? Ces pays ont clairement atteint la ligne rouge et, à lire l’interview que nous a accordée le président du Parlement européen, Martin Schulz (lire pages 3-4), on voit bien que les instances européennes en sont effrayées et… embarrassées. Manifestement, une fois qu’un pays a adhéré à l’Union, il peut tirer tant et plus sur la corde, elle reste solide. Schulz le reconnaît lui-même : «Orbán est allé jusqu’aux limites, mais il ne les a pas dépassées.» Faudra-t-il donc attendre qu’il les dépasse pour agir ? Comme le rappelle notre correspondant à Bruxelles, procédure de suspension d’un Etat et réforme des traités ne peuvent être décidées qu’à l’unanimité. Or, les populistes finissent par tous se tenir chaud. Une paralysie criminelle car, pendant ce temps-là, entre crise économique et rejet croissant des réfugiés, les partis traditionnels deviennent de plus en plus perméables aux idées de l’extrême droite et la contamination gagne l’ouest du continent. En témoigne la montée en puissance de mouvements racistes comme Pegida qui, partis d’Allemagne, essaiment maintenant en France, on l’a tristement vu à Calais samedi. Qu’attend-on pour réagir ? Il existe là une faute originelle de la construction européenne qu’il va falloir réparer très vite avant que (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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