Réélection de Vladimir Poutine : la réponse de Marine Le Pen pour ne pas féliciter le président russe relève de l’acrobatie

Jusque-là silencieuse après la victoire du président russe, la cheffe de file du RN a déployé des trésors d’ingéniosité pour esquiver la question.

Marine Le Pen photographiée dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale le 12 mars (illustration)

POLITIQUE - Alors certes, ce n’est pas l’enthousiasme de 2018. Quand le parti que Marine Le Pen présidait félicitait Vladimir Poutine pour sa réélection, saluant son « ancrage démocratique » et envoyait sur place Louis Aliot, alors député FN, pour l’occasion. Pour le simulacre de l’élection 2024, deux ans après le déclenchement de la guerre en Ukraine, la députée du Pas-de-Calais faisait profil bas, alors que l’ensemble de la classe politique dénonçait dès le lendemain ce régime autoritaire réprimant les oppositions et tenant d’une main de fer les bureaux de vote.

Jusqu’à ce mercredi 20 mars, et le passage de Marine Le Pen sur France Inter. Interrogée sur les propos de son allié européen Matteo Salvini, qui a réagi en expliquant que « quand un peuple vote, il a toujours raison » – s’attirant au passage les foudres du ministre italien des Affaires étrangères et le désaveu de Giorgia Meloni –, la présidente du groupe RN a eu du mal à cacher son embarras. Matteo Salvini « a dit en gros ce que disent souvent les démocrates, d’ailleurs : “Le peuple a toujours raison.” Et moi, en général, je rajoute : “Même quand il a tort !” [Salvini] a pris acte – comme le quai d’Orsay a pris acte – de l’élection de Vladimir Poutine », a-t-elle assuré.

"Il faut faire avec"

Sauf que – et c’est ce qui a provoqué la colère du chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani – Matteo Salvini a laissé entendre par ses propos qu’il s’agissait d’une élection libre, puisque si « le peuple vote », c’est qu’il n’y a rien à redire. Une ligne que semble partager Marine Le Pen, reprenant l’analyse faite par le chef de la Ligue.

Or, comme l’explique la spécialiste des sociétés post-soviétiques Anna Colin Lebedev dans un article détaillé publié dans Le Grand Continent, le « peuple » évoqué par Marine Le Pen (et même quand « il a tort ») n’a pas vraiment eu le choix dans cette élection, puisque le régime met tout en œuvre (opposition fantoche, pressions professionnelles, verrouillage administratif etc.) pour que tout converge vers le seul bulletin Vladimir Poutine.

Par ailleurs, la présidente du groupe RN à l’Assemblée ne condamne pas, à l’inverse du reste de la classe politique, l’issue de l’élection ayant conduit à la réélection du président russe. « Il faut faire avec. Nous faisons avec dans toute une série de pays qui eux n’ont pas du tout d’élections et on fait avec la réalité, le monde tel qu’il est et pas le monde tel que l’on aimerait qu’il soit », a-t-elle éludé, sans se prononcer sur le fond ni désavouer son partenaire Matteo Salvini. Un vrai numéro d’équilibriste.

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