Qui est Rima Hassan, candidate LFI convoquée pour "apologie du terrorisme"

La juriste franco-palestinienne, candidate sur la liste LFI aux élections européennes, est de nouveau au coeur de l'actualité. Rima Hassan a appris ce 19 avril qu'elle était convoquée par la police.

Rima Hassan, 7e sur la liste LFI aux européennes, est en position éligible. (Photo Pascal GUYOT / AFP)
Rima Hassan, 7e sur la liste LFI aux européennes, est en position éligible. (Photo Pascal GUYOT / AFP)

Semaine mouvementée pour Rima Hassan. Elle devait être ce jeudi 18 avril à l'Université de Lille, pour parler de "l'actualité de la Palestine" aux côtés de Jean-Luc Mélenchon. Mais la conférence de Rima Hassan a finalement été annulée par l'université, au même titre que le plan B des Insoumis, qui a lui a également fait l'objet d'une annulation, cette fois-ci de la part de la Préfecture.

Au lendemain de cet épisode très commenté, Rima Hassan se retrouve encore au coeur de l'actualité. La Franco-Palestinienne a ainsi appris ce vendredi sa convocation par la police pour être entendue pour des faits "d’apologie publique d’un acte de terrorisme, commise au moyen d’un service de communication au public en ligne". La candidate insoumise aux élections européennes a réagit à la convocation : «Je ne sais pas de quoi il s’agit", a-t-elle affirmé. Elle dénonce auprès de Libération un événement qui "s’inscrit dans un climat politiquement inquiétant qui consiste à porter atteinte à un certain nombre de nos libertés fondamentales".

Qui est Rima Hassan ?

Juriste franco-palestinienne de 31 ans, nommée au classement Forbes des "40 femmes de l’année 2023", la jeune militante politique, qui figure en 7ème place sur la liste LFI aux élections européennes de juin 2024, tient une position très affirmée sur le conflit israélo-palestinien.

Petite-fille de Palestiniens partis de chez eux en 1948, Rima Hassan est née dans un camp de réfugiés palestiniens en Syrie. Elle arrive en France à l'âge de dix ans, avec sa mère et ses cinq frères et sœurs.

Elle obtient la nationalité française en 2010 puis est diplômée d'un master en droit international à Paris après un mémoire sur la qualification du crime d’apartheid en Israël, dans une approche comparative avec l’Afrique du Sud.

Classée dans les "40 femmes d’exception qui ont marqué l’année et qui ont fait rayonner la France à l’international"

Elle se sert de son expérience personnelle et crée en 2019 l’Observatoire des camps de réfugiés. "On a des problèmes d'enfermement, de privation de liberté, parfois des atteintes aux droits humains, dès lors que la structure d'urgence devient un lieu de vie", explique à l'AFP Rima Hassan. Sans compter, dit-elle, la "dépendance à la structure humanitaire", car "plus ils y passent du temps, plus il est difficile de les réinsérer dans les pays d'origine ou le pays hôte", expliquait-elle en novembre 2019. Elle travaille durant six ans à la Cour nationale du droit d'asile.

Elle poursuit ses combats et fonde le collectif Action Palestine France en 2023, pour porter ses combats. Elle se fait connaître sur les plateaux de télévision par son engagement pour la cause palestinienne. Un engagement qui lui vaut d'être classée en août 2023, avant l'offensive du Hamas en Israël, dans les "40 femmes d’exception qui ont marqué l’année et qui ont fait rayonner la France à l’international", par le magazine Forbes.

Elle dénonce un "génocide" et réfute la solution à deux États

Le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas bouscule une nouvelle fois sa vie. L’Oréal, qu’elle conseillait sur les enjeux d’insertion des réfugiés, suspend son contrat temporairement, craignant son activisme sur Internet.

Le conflit lui vaut une exposition médiatique importante, au point de faire d'elle une des figures de la cause palestinienne depuis la résurgence du conflit ces derniers mois. Quelques semaines après les attaques du 7 octobre, elle accorde un entretien à Mediapart dans lequel elle dénonce "un carnage" à Gaza et dénonce un "génocide" à l’égard des Palestiniens et pointe la responsabilité d’Israël dans la création du Hamas. Elle s'affirme un peu plus comme la voix de la cause palestinienne en France.

Pour résoudre le conflit, Rima Hassan propose la création d'un unique État binational démocratique, estimant qu'il "n'y aura pas de solution à deux États" dans une interview à 20minutes. Une position qui tranche avec celle de la France insoumise qui est, elle, en faveur de la solution à deux Etats comme l'immense majorité de la classe politique.

Menacée de mort

L'exposition médiatique de Rima Hassan lui vaut d'être la cible de harcèlement et de menaces de mort par SMS et messages vocaux ("on va t’attraper salope, regarde bien derrière toi quand tu marches", "on va te violer et te brûler vive"), rapporte-t-elle auprès du Monde. Son nom est même inscrit sur un obus israélien allant être largué sur Gaza.

Face à ces menaces, elle renonce à son poste à Amnesty international et prend un billet d'avion direction le camp de réfugiés palestiniens de Nayrab, près d’Alep (Syrie), où elle est née et a vécu ses dix premières années. "Dans cette période horrible, j’ai ressenti le besoin d’être proche de mon peuple. On vit ce qui se passe à Gaza comme une ­deuxième Nakba", poursuit-elle auprès du Monde, en référence à l’exode forcé de sept cent cinquante mille Palestiniens en 1948, lors de la création d’Israël. Puis elle s'installe en Jordanie.

Une polémique avec l'animateur Arthur et l'essayiste Rachel Khan

Ses prises de position font notamment réagir l'animateur Arthur, qui fait le lien avec sa nomination dans le classement Forbes. "Si vous voulez apparaître dans le prochain classement Forbes France, le plus simple est de faire l’apologie du Hamas et d’être une antisémite patentée", écrit-il.

La polémique est née, Rima Hassan réplique à l'animateur. "Voir Arthur s’en prendre à une femme palestinienne juste parce qu’elle est récompensée pour son travail et son parcours et utiliser son influence pour me faire sauter de ce classement dont la cérémonie de remise des trophées se tiendra en mars en dit long sur le sexisme et le racisme de ce boomer", répond Rima Hassan dans un message posté sur X dans la foulée. Elle dépose ensuite plainte pour diffamation contre Arthur.

Nouvelle polémique ce jeudi 18 avril. Sur X, l'essayiste Rachel Khan été critiquée par de nombreux internautes après avoir ironisé sur la situation à Gaza. L'écrivaine réagissait à une publication - elle aussi polémique - de Julien Bahloul, ancien porte parole de Tsahal, montrant des Gazaouis à la plage.

Une photo à l'apparente légèreté qui cache une situation bien plus critique sur place. "Aujourd'hui, c'était l'occasion pour nous d'aller à la mer. A cause de la forte chaleur, la tente est comme un four, et l'air est comme le feu", racontait notamment à l'AFP Mahmoud Al-Khatib, 28 ans, qui a dû fuir la ville de Gaza.

Capture d'écran X (anciennement Twitter)
Capture d'écran X (anciennement Twitter)

Visiblement ulcérée suite à la publication, Rima Hassan a rétorqué à Rachel Khan qu'elle est "une ordure". Face à ce tweet, l'essayiste a annoncé avoir porté plainte pour injure publique".