Qui est Fabrice Leggeri, le candidat RN visé par une plainte pour "complicité de crimes contre l’humanité"

L'énarque de 55 ans, numéro 3 de la liste du Rassemblement National aux élections européennes, est visé par une plainte de deux ONG. Mais qui est-il ?

Fabrice Leggeri, la nouvelle recrue du RN, est mis en cause par deux ONG. (AP Photo/Geert Vanden Wijngaert)
Fabrice Leggeri, la nouvelle recrue du RN, est mis en cause par deux ONG. (AP Photo/Geert Vanden Wijngaert)

Une plainte qui tombe très mal pour le Rassemblement national. La Ligue des Ligue des droits de l’homme (LDH) et l’association d’aide aux migrants Utopia 56 ont porté plainte pour "complicité de crimes contre l’humanité et de torture" contre Fabrice Leggeri, numéro 3 de la liste du parti d'extrême droite aux élections européennes.

L'ancien directeur de Frontex entre 2015 et 2022 est accusé par les deux ONG d'avoir "laissé se perpétuer des faits criminels" dont il avait connaissance, selon elles, faisant jouer à l'agence de l'UE responsable du contrôle des frontière un "rôle essentiel dans la commission (...) de crimes contre l'humanité". Interrogé par Le Monde, Fabrice Leggeri dénonce de son côté des "allégations incorrectes" relevant de "manœuvres politiciennes" ayant pour but de "discréditer la liste du RN" aux européennes.

En attendant les évolutions de cette affaire, le candidat RN se retrouve sur le devant de la scène. Mais qui est cette énarque ? Voici quatre choses à savoir.

Avant d'arriver au RN, Fabrice Leggeri, Mulhousien de 55 ans inconnu du grand public, a connu le parcours bien rôdé des haut-fonctionnaires de la République : l'Ecole normale supérieure (ENS), Sciences Po Paris et l'Ecole nationale d'administration (ENA).

Après ses études, il passe entre autres par le Ministère de la Défense et celui de l'Intérieur où il se charge du "trafic transfrontalier, des frontières et des visas" puis des migrations irrégulières".

Début 2015, Fabrice Leggeri est nommé par Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, comme directeur exécutif de Frontex, l'agence européenne du contrôle des frontières, basée à Varsovie.

Durant son mandat, le budget et les effectifs explosent. Fabrice Leggeri est régulièrement accusé par les ONG de masquer des refoulements illégaux de migrants.

Le journal allemand Spiegel lui reproche d’avoir été complice de “pushbacks” - des rejets de migrants sans étudier leur demande d’asile - en mer Égée. Il aurait ainsi cautionné le rejet "d’hommes, femmes et enfants à la mer, souvent sur des canots de sauvetage non motorisés", rapporte Courrier International.

En avril 2022, après sept ans à la tête de Frontex, un scandale éclabousse la carrière de Fabrice Leggeri, qui doit partir avec fracas. Le directeur est désormais visé par une enquête disciplinaire. L’OLAF (Office européen de lutte antifraude) le soupçonne de "ne pas avoir respecté les procédures" et d’être responsable d’un "mauvais management personnel", de "mauvaise conduite et abus de pouvoir".

Il confiait mi-février dans les colonnes du JDD qu’il n’y a pas de "preuves concrètes" à ces accusations et qu’il a été contraint de démissionner par le gouvernement français après avoir "subi des pressions" et "ressenti un abandon général".

Dans ce même entretien, la nouvelle recrue du RN détaille avec précision son envie : "remettre la France et l’Europe sur le droit chemin". Pour cela, il souhaite "reprendre le contrôle des frontières" de l’UE et de la France.

"Le RN possède un plan concret et la capacité de le réaliser. Nous sommes déterminés à combattre la submersion migratoire"

Il évoque le Pacte sur la migration et l’asile, qui a permis à la Commission européenne de "favoriser l’afflux migratoire" selon lui. Une ligne de conduite appréciée par Marine Le Pen qui, ce dimanche sur LCI, se félicitait que le RN ait désormais "quelqu'un qui de l'intérieur" qui "peut dire aux Français ce qu'il se passe".

Le 9 juin, lors des élections européennes, Fabrice Leggeri occupera la troisième place sur la liste conduite du RN. Une arrivée mise en avant par Jordan Bardella, qui ajoute que son nouveau protégé a été "lâché par Emmanuel Macron".

Depuis cette annonce, les critiques pleuvent de la part de l’opposition. Nathalie Loiseau raille ainsi Jordan Bardella, qui critiquait Frontex en 2019, qualifiant l’agence "d’hôtesse d’accueil pour migrants" au micro d'Europe 1. Reste désormais à voir si cette plainte aura un impact ou non sur la présence de Fabrice Leggeri sur la liste RN.

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