Qui compose le GIEC ?

Le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat vient de nommer un nouveau président, Jim Skea, 69 ans.

Valerie Masson Delmotte vice-présidente d'un des groupes de travail du GIEC  (Photo YANN COATSALIOU/AFP via Getty Images)
Valerie Masson Delmotte vice-présidente d'un des groupes de travail du GIEC (Photo YANN COATSALIOU/AFP via Getty Images)

Leurs travaux, qui visent à synthétiser les connaissances scientifiques dans la lutte contre le réchauffement climatique, éclairent les pays sur les politiques à mettre en oeuvre pour limiter le réchauffement. Les membres du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ont un rôle clé et leur nomination est particulièrement scrutée.

Les membres du GIEC sont mandatés par les 195 pays membres qui le composent. Leurs profils peuvent être très différents : on retrouve par exemple des climatologues, mais aussi des économistes, des agronomes, des ingénieurs, des biologistes, des spécialistes des migrations ou encore des médecins. Mais parfois aussi "des experts du secteur industriel et d’organisations à but non lucratif, qui apportent une perspective utile à l’évaluation, peuvent également faire partie des équipes", précise le Giec sur la page dédiée aux auteurs.

Des membres d'ONG, de RTE ou du Secours Catholique

Ainsi, parmi les contributeurs français on retrouve des membres de l’European Nuclear Society, de la Société française d’énergie nucléaire ou de l’Hydrogen Council, tout comme des salariés d’Orange, d’EDF, de RTE ou de Schneider Electric, mais aussi des membres d’ONG comme Sauvons le Climat, Negawatt, Sortir du Nucléaire, ou bien ceux d’associations comme le Secours Catholique.

Ils sont sélectionnés après un appel à candidature auprès des gouvernements et des organisations qui ont le statut d'observateur, l'envoi de leur CV puis le choix se fait selon les compétences, mais aussi pour respecter des équilibres entrer les professions, les nationalités et les sexes, détaille le GIEC sur son site officiel.

Une sélection minutieuse

Un besoin d'équilibre qui répond à l'objectif de parvenir à un (difficile) compromis entre les différents pays représentés, leur capacité d'action et la fiabilité des données étudiées. Par exemple, pour le cinquième rapport d’évaluation, sur les 3 598 candidatures reçues pour les trois groupes de travail, 831 experts au total ont été sélectionnés en tant qu’auteurs coordonnateurs principaux, auteurs principaux et éditeurs-réviseurs. Au total 2 500 experts scientifiques et relecteurs ont participé à la rédaction.

Enseignant en énergies durables à l’Imperial College London, Jim Skea, 69 ans, a succédé au Sud-Coréen Hoesung Lee en juillet 2023. (Photo FABRICE COFFRINI / AFP)
Enseignant en énergies durables à l’Imperial College London, Jim Skea, 69 ans, a succédé au Sud-Coréen Hoesung Lee en juillet 2023. (Photo FABRICE COFFRINI / AFP)

Le bureau du GIEC est composé de 34 personnes. À sa tête, un président élu. Jim Skea, 69 ans, enseignant en énergies durables à l’Imperial College London, a succédé en juillet 2023 à l'économiste sud-coréen Hoesung Lee. "J’ai trois priorités : améliorer l’inclusivité et la diversité, protéger l’intégrité scientifique et la pertinence politique des rapports d’évaluation du Giec" et "maximiser la portée et l’impact" de son travail "au travers d’engagements avec les décideurs politiques et les autres parties prenantes", a-t-il déclaré à l'issue de son élection. Pour mener sa mission à bien, il aura à ses côtés trois vice-présidents, deux coprésidents du bureau de l'équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre et les responsables de chacun des trois groupes de travail, rappelle l'organisation sur son site.

Une Française à la tête d'un groupe de travail

Le premier des trois groupes de travail, qui étudie la réalité physique du réchauffement, est coprésidé par la Française Valérie Masson-Delmotte, le deuxième groupe est celui qui étudie les conséquences du réchauffement tandis que le dernier est chargé d’évaluer les méthodes d’atténuation et d’adaptation au réchauffement.

Au sein de ces groupes, des milliers d'auteurs, de contributeurs, de réviseurs qui participent à l'élaboration des différents rapports, dont seulement 30% de femmes, déplorait la Française Valérie Masson-Delmotte.

Un très faible budget

On dénombre ainsi 320 Français à avoir participé au sixième cycle d'évaluation, débuté en 2015. Dans chacun des groupes de travail, des équipes sont dédiées à la rédaction de chapitres. Chacune de ces équipes est composée d’auteurs coordonnateurs principaux, d’auteurs principaux et d’éditeurs-réviseurs.

Les auteurs principaux peuvent avoir recours à d’autres experts qui apportent leur contribution dans des domaines spécifiques en qualité d’auteurs collaborateurs, ils sont chargés d'apporter des connaissances ou compétences spécialisées dans un domaine particulier. Tous sont en grande majorité bénévole, le GIEC n'ayant qu'un budget annuel de six millions d'euros.

Les Français largement représentés

Des membres du gouvernement ont aussi leur mot à dire. Cinq représentants des ministères français ont donc participé aux derniers rapports, comme réviseurs : l’un d’eux appartient au ministère de l’Économie, deux appartiennent à celui de l’Agriculture et deux autres à celui de la Transition écologique. On compte Éric Brun, secrétaire général de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), qui dépend du ministère de la Transition écologique.

Parmi les Français à avoir le plus participé à la rédaction de rapports du GIEC, outre Valériie Masson-Delmotte, on retrouve Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace, Céline Guivarc’h, économiste au Cired, Samuel Morin, climatologue à Météo France, Yamina Saheb, docteure en ingénierie énergétique et économiste à l’école des Mines, Gerhard Krinner, climatologue à l’institut des géosciences de l’environnement, Sophie Szopa, climatologue à l’Institut Pierre-Simon Laplace, Nathalie Hilmi économiste au centre scientifique de Monaco ou Nadine Le Bris, océanographe à Sorbonne Universités.

VIDÉO - Camille Étienne : "Le dernier rapport du GIEC est un cri d’alarme. On se rapproche de la catastrophe climatique à toute allure"