Qu'est-ce qu'une "bombe cyclonique", ce phénomène météo qui paralyse les États-Unis ?

Un homme déneige son allée suite à une tempête nocturne à Provo, Utah, le 13 décembre 2022.  (illustration) - GEORGE FREY / AFP
Un homme déneige son allée suite à une tempête nocturne à Provo, Utah, le 13 décembre 2022. (illustration) - GEORGE FREY / AFP

Une puissante tempête hivernale frappe la majeure partie du pays cette semaine. Caractérisée par son évolution rapide et "explosive", elle apporte un froid polaire, des chutes de neige abondantes et de forts vents.

Plus d'un millier de vols annulés et 44 États en alerte. Blizzard, neige, rafales de vent et pluie... C'est un cocktail détonant qui touche les États-Unis depuis ce mercredi. Ajoutez à cela des millions d'Américains qui prévoient de se déplacer pour les fêtes de fin d'année, et les autorités du pays sont sur le qui-vive.

Cette tempête va se renforcer jusqu'à vendredi et perdurer durant le week-end de Noël. Le site météorologique AccuWeather, ainsi que de nombreux médias, préviennent de la possible formation d'une "bombe cyclonique". Selon CNN, cela devrait se produire jeudi soir et vendredi.

Superposition de masses d'air chaud et froid

Le terme de "bombes cycloniques" peut paraître spectaculaire. Toutefois, elles ne sont pas si rares puisque, selon une étude, il y a environ 18 par an sur le continent. C'est, en revanche, l'ampleur et l'intensité du phénomène actuel, couplé à son timing, qui attire l'attention.

Spécifiquement, on peut qualifier de telle une tempête lorsque la pression centrale du système dépressionnaire chute d'au moins 24 millibars (terme utilisé pour mesurer la pression atmosphérique) en 24 heures.

En d'autres termes, cela signifie que la tempête s'intensifie rapidement, avec des conséquences plus dévastatrices qu'une simple tempête.

"Cela se produit lorsqu'une masse d'air froid entre en collision avec une masse d'air chaud, comme l'air au-dessus des eaux chaudes de l'océan", explique l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique.

Dans le présent cas, c'est l'air particulièrement froid d'Arctique qui s'est déplacé vers le sud, passant alors au-dessus de l'eau plus chaude de l'océan Atlantique. La superposition de masses d'air chaud et froid entraîne une chute de pression atmosphérique et une instabilité, ce qui déclenche le processus de "bombe cyclonique".

"La pression d'un ouragan de catégorie 3"

Ces intenses tempêtes se produisent donc généralement durant l'hiver. Les vents augmentent considérablement et les précipitations, y compris les chutes de neige, peuvent devenir intenses.

Des conditions de blizzard peuvent également se produire, caractérisé par une faible visibilité dans la neige, le vent et la poudrerie, ce qui inquiète particulièrement pour les déplacements en voiture ou en avion. Les fortes précipitations peuvent également provoquer des inondations côtières.

"La tempête devrait atteindre l'équivalent de la pression d'un ouragan de catégorie 3 lorsqu'elle atteindra les Grands Lacs", écrit CNN ce mardi.

Les bourrasques pourront souffler jusqu'à 95km/h, provoquant de possibles chutes d'arbres et coupures d'électricité. Localement, il pourrait tomber plus de 30cm de neige.

-43°C en une heure

Autre caractéristique de cette "bombe cyclonique": le grand froid. Le mercure chute très brutalement en seulement quelques heures, et pourrait atteindre une température ressentie jusqu'à -55°C dans la région des grandes plaines, selon les prévisions.

"Un froid de cette ampleur pourrait provoquer en quelques minutes des engelures sur la peau exposée, ainsi que de l'hypothermie et la mort si l'exposition est prolongée", met en garde le National Weather Service.

Selon CNN, "plus de 60 millions d'Américains, soit près de 20% de la population américaine, connaîtront une température inférieure à zéro avec ce souffle arctique". Et ce coup de froid a déjà démarré: dans la ville de Cheyenne, dans la Wyoming, le mercure a chuté de 30 degrés en dix minutes, puis de 43 degrés en une heure, rapporte CNN.

Les météorologues soulignent notamment la différence entre le froid mesuré et la température ressentie, qui peut être encore bien inférieure à cause des vents intenses et des précipitations. Si certaines régions pourront échapper à la neige abondante, toutes seront touchées par ce grand froid.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Une chute de neige record filmée en timelapse au Canada