Qu'est-ce que l'encéphalite à tiques, dont les cas augmentent en France depuis deux ans?

Piqûre, fromage de chèvre... l'encéphalite à tiques gagne du terrain en Europe et en France, où 71 cas ont été signalés depuis 2021, avec un élargissement des zones touchées, selon un premier bilan publié vendredi par Santé publique France (SpF).

Face à l'augmentation de l'incidence de la maladie en Europe et à l'extension de la zone et de la période de circulation du virus, les infections par le virus de l'encéphalite à tique sont inscrites, depuis mai 2021, sur la liste des maladies dont la déclaration est obligatoire.

Atteinte du système nerveux central

De mai 2021 à mai 2023, 71 cas ont été notifiés (30 en 2021, 36 en 2022, 5 en 2023), indique l'agence sanitaire.

La majorité était des hommes, l'âge médian était de 48 ans. Mais quatre enfants, dont deux ayant moins de 10 ans, et cinq seniors de plus de 65 ans - l'âge étant un facteur de gravité accrue - ont été affectés.

Si la maladie a "une létalité très faible", elle peut provoquer "des séquelles importantes suite à l'atteinte du système nerveux central", a relevé Alexandra Mailles, de SpF, lors d'une conférence de presse.

Au début de la maladie, les patients sont brutalement pris de fièvre, de maux de tête et de douleurs des muscles et articulations. Puis le système nerveux étant atteint, les patients peuvent souffrir de "tremblements, de troubles du comportement, de troubles de la vigilance ou de la conscience, parfois de convulsions ou de coma", précise SpF sur son site.

Une partie des cas (15%) exerçaient des professions les exposant particulièrement, notamment dans l'élevage de chevaux/ruminants ou dans les forêts.

Infections du printemps à l'automne

Le virus est transmis aux humains, comme la maladie de Lyme, principalement par la piqûre d'une tique infestée, essentiellement du printemps à l'automne (période d'activité des tiques).

Mais la transmission peut passer par des ruminants infectés, chèvres principalement, et le virus se retrouver dans des produits au lait cru. "La contamination peut se faire par consommation de lait cru ou de fromage au lait cru de chèvre ou de brebis principalement", ajoute SpF.

Ce type de contamination a été observé en juin 2020 dans l'Ain. Une quarantaine de personnes avaient été hospitalisées après avoir consommé "du fromage ou de la faisselle de chèvre à base de lait cru en provenance d’un même producteur de fromages situé dans l’Ain".

L'Auvergne-Rhône-Alpes plus touchée

"Les infections acquises sur le territoire et identifiées sont désormais plus nombreuses que celles acquises lors de voyages", constate SpF (86% contre 14%).

"De façon inattendue, le département ayant rapporté le plus de cas au cours de ces deux années est la Haute-Savoie, alors que la reconnaissance du virus y est beaucoup plus récente qu'en Alsace".

La région Auvergne-Rhône-Alpes apparaît dorénavant comme une zone importante de circulation du virus, avec des massifs particulièrement à risque, comme le Forez. Le sud de l'Ardèche est aussi atteint.

"On a maintenant les conditions, dans un certain nombre de régions, pour des transmissions", a souligné Alexandra Mailles.

Comment s'en protéger?

Pour se protéger, des vêtements longs en forêt ou dans des herbes hautes et une vigilance sont préconisés.

Une vaccination est recommandée aux voyageurs dans les zones d'infections fréquentes. Elle permet de diminuer le risque individuel d'être infecté.

En Europe, les pays les plus touchés sont la République tchèque, l'Allemagne, les pays baltes. Une extension de la maladie vers l'Europe du Nord et de l'Est est observée.

"Avec le changement climatique, certains pays ou régions deviennent plus favorables aux tiques", selon l'experte de SpF.

Article original publié sur BFMTV.com