Qu'est-ce que la soumission chimique, ce fléau méconnu ?

La soumission chimique serait davantage utilisée dans la sphère privée (crédit : getty image)
La soumission chimique serait davantage utilisée dans la sphère privée (crédit : getty image)

Une campagne de sensibilisation a été lancée lundi 22 mai pour alerter sur le fléau de la soumission chimique, ou le fait de droguer autrui à son insu pour en abuser d’une manière ou d’une autre.

Quelques 600 plaintes sont déposées chaque année pour des faits relatifs à la soumission chimique. Neuf victimes sur dix sont des femmes. Mais le nombre de victimes pourrait être plus important, du fait que ce fléau soit encore trop méconnu. Caroline Darian, fille d’une victime et autrice d'un livre sur le sujet, est à l’origine d’une campagne de sensibilisation pour lever le voile sur ce tabou. Cette campagne a notamment été relayée par l'ancienne ministre des Sports, Roxana Maracineanu, mais aussi par une cinquantaine de personnalités comme Olivia Ruiz, Caroline Vigneaux ou encore Daphné Bürki.

Caroline Darian est bien placée pour alerter sur le sujet. Son père a drogué sa mère pendant une dizaine d’années, avec des somnifères et des anxiolytiques “dans le but de la violer et de la faire violer par d’autres”, explique-t-elle. Une cinquantaine d’hommes devraient être jugés l’année prochaine dans cette affaire.

Des médicaments détournés de leur usage

La soumission chimique est “le fait d’administrer un médicament ou une drogue à une personne, à son insu ou sous la menace, avec une intention criminelle ou délictuelle”, décrit le Dr Leila Chaouachi, rapporteuse d’une enquête sur le sujet menée par l’Agence nationale de la sécurité du médicament, au Parisien. Ce sont majoritairement des benzodiazépines, prescrits pour leur effet hypnotique et anxiolytique, qui sont détournés de leur usage et utilisés dans ce cadre. Ils peuvent parfois être prescrits sans ordonnance. "En plus d’endormir les victimes, ces médicaments peuvent occasionner des amnésies supprimant les images de l’agression", souligne un communiqué.

Le plus souvent, le mobile de la soumission chimique est l’agression sexuelle, mais cela peut aussi être la violence physique, le vol, l’extorsion, la traite humaine ou encore l’homicide. Les seniors et les bébés ne sont pas épargnés, davantage pour les faire taire. La soumission chimique est à différencier de la vulnérabilité chimique, où la victime consomme une drogue de son plein gré.

Une victime dans l'ignorance

“Contrairement à ce que l’on pense, la soumission chimique est majoritairement utilisée dans la sphère privée et familiale”, soutient Caroline Darian au micro de RTL. Les cas seraient ainsi plus nombreux au sein d’une famille qu’en boîte de nuit, quand un agresseur glisse du GHB dans un verre d’alcool. Ce phénomène toucherait tous les milieux sociaux.

Dans le cas de la soumission chimique, la victime peut ne même pas avoir conscience qu’elle est sous emprise médicamenteuse et ne pas comprendre l'origine de symptômes tels que les troubles du sommeil ou de la mémoire liés à la prise régulière des médicaments. "Il y a beaucoup de personnes sous soumission chimique qui s'ignorent. Ma maman s’est ignorée pendant dix ans, martèle Carole Darian. Elle a cherché, elle a vu trois neurologues, des médecins (...). Le corps médical n’a pas su détecter.” Et de conclure : “On cherche ce que l’on connaît. Encore faut-il avoir conscience, que quand on est médecin, on a potentiellement affaire à une victime de soumission chimique.”

VIDÉO - Soumission chimique par un proche : une campagne de sensibilisation lancée ce lundi