Qu’est-ce que la mort cérébrale ?

La mort cérébrale se différencie de la mort clinique. Comment la reconnaître et peut-on en revenir ?

L'électroencéphalogramme (EEG) et l'angioscanner permettent de confirmer le diagnostic de mort cérébrale (image d'illustration, crédit : getty image)
L'électroencéphalogramme (EEG) et l'angioscanner permettent de confirmer le diagnostic de mort cérébrale (image d'illustration, crédit : getty image)

Mort cérébrale, mort clinique… deux termes qui semblent similaires et qui recouvrent pourtant deux réalités bien différentes. La mort clinique, qui se caractérise par l’arrêt des fonctions vitales (arrêt cardiaque ou respiratoire) peut être un état temporaire si le patient est réanimé. La mort cérébrale, en revanche, est un état transitoire mais irréversible. Elle se définit par l’absence totale et définitive de l’activité cérébrale. “Quand un patient a une lésion dans le cerveau, elle grossit à un tel point que ça fait une hyperpression dans la boîte crânienne, qui n’est pas extensible. Il ne reçoit plus de sang, et donc le cerveau n’est plus perfusé, nous explique le Dr Florent Gobert, qui travaille en neuroréanimation aux Hospices civils de Lyon. Cet état, légalement défini, aboutit nécessairement à une mort clinique par un arrêt de soins ou un prélèvement d'organe."

Dans le détail, quand le cerveau ne fonctionne plus, le contrôle des fonctions végétatives comme la respiration ou le contrôle du système cardiovasculaire n’est plus assuré. Seules les techniques d’assistance de réanimation permettent de les assurer. “Historiquement, la mort était définie par l’arrêt du cœur, ce qui aboutissait à la mort cérébrale, car le cerveau n’était plus perfusé, mais depuis le développement des techniques de réanimation, il est possible de continuer de faire fonctionner les organes, dont le cœur, de manière artificielle”, complète le médecin.

Quel est le délai pour débrancher une personne en cas de mort cérébrale ?

Dans la pratique, les patients en état de mort cérébrale ne restent pas en réanimation. “Quand on est dans cette situation-là, on explique à la famille que le patient est décédé et deux options sont possibles : on arrête le respirateur ou on continue les soins jusqu’au prélèvement d’organes, dans un délai maximum de 4 à 5 jours en fonction des problèmes de logistique”, détaille le réanimateur. En France, la loi prévoit que nous sommes tous donneurs d’organes et de tissus, à moins d’avoir exprimé un refus de son vivant. Les médecins s’en assurent en consultant le registre national des refus et en discutant avec la famille.

Les principales causes de la mort cérébrale sont les accidents vasculaires cérébraux (AVC), les traumatismes crâniens graves et les anoxies cérébrales (intoxication au monoxyde de carbone, noyade, pendaison…), note l’Agence de biomédecine. L’Inserm précise qu’un coma n’est pas synonyme de mort cérébrale. Deux examens permettent de confirmer le diagnostic clinique de la mort cérébrale : l'électroencéphalogramme (EEG), pour montrer que le cerveau n’a plus d’activité électrique, et/ou l'angioscanner qui montre qu’il n’y a plus de circulation sanguine.

Est-il possible de maintenir artificiellement certains patients comme une femme enceinte en état de mort cérébrale jusqu’à ce que la césarienne soit possible ? "C'est théoriquement possible, mais anecdotique, répond le Dr Gobert. Je n'y ai pas été personnellement confronté, et cela nécessiterait de faire appel à un comité éthique." De plus, des complications sont possibles comme des infections résistantes ou des embolies pulmonaires.

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