Qu'est-ce que le syndrome de Müller-Weiss, dont souffre Rafael Nadal ?

Le maître incontesté de Roland-Garros doit composer avec une maladie dégénérative qui touche les os du pied.

Après avoir perdu le premier set, Rafael Nadal affronte Alexander Zverev ce lundi 27 mai après-midi à Roland-Garros. (EMMANUEL DUNAND / AFP)
Après avoir perdu le premier set, Rafael Nadal affronte Alexander Zverev ce lundi 27 mai après-midi à Roland-Garros. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Tous les yeux sont rivés sur lui. Rafael Nadal, patron de la terre battue parisienne avec ses 14 coupes de Roland-Garros, entame sa 18ème participation au tournoi. Mais le joueur de 38 ans, souvent blessé ces dernières années, n’est plus le favori en 2024.

Alors qu’il affronte ce lundi 27 mai, Alexander Zverev, le numéro 4 mondial, le monstre espagnol doit composer avec le syndrome de Müller-Weiss.

Le syndrome de Müller-Weiss tient son nom des deux médecins, l’un allemand, l’autre viennois, qui ont décrit cette maladie en 1927. C’est une pathologie dégénérative rare et incurable dont on ignore l’origine. Elle touche les os situés sur le dos du pied (souvent les deux pieds), lorsqu’il a été soumis à d’importantes sollicitations - comme c’est le cas dans le tennis de haut niveau. Le surpoids, une fracture de fatigue ou des pieds plats peuvent aussi favoriser son apparition. Le sport a également tendance à aggraver les symptômes.

Peu à peu, l’os naviculaire fait une "ostéonécrose", c’est-à-dire qu’il perd sa vascularisation et se nécrose. Dans les cas les plus graves, l’os peut se fragmenter et le pied se déforme. Les personnes les plus touchées sont des femmes, entre 40 et 60 ans. Le syndrome de Müller-Weiss a cependant été largement médiatisé par Rafael Nadal, qui dit en souffrir au pied gauche depuis ses 18 ans et avoir besoin de ses médicaments pour ne pas boîter.

"C'est difficile de comprendre mon quotidien, je n'ai pas l'intention de jouer à la victime. Je vis avec des tonnes d'anti-inflammatoires parce que sinon, je ne peux pas m'entraîner. (…) C'est difficile pour moi de m'entraîner plusieurs jours de suite. Pour être compétitif au plus haut niveau, il faut bien bouger et je ne peux pas travailler là-dessus. Parfois, c'est difficile d'accepter la situation", confiait-il il y a deux ans à Rome.

Il existe cinq stades au syndrome de Müller-Weiss, qui vont de l’absence de symptômes à l’arthrose, en passant par les pieds plats, des douleurs chroniques ou des gonflements sur la phase dorsale du pied.

La maladie étant dégénérative et incurable, elle peut être uniquement soulagée avec des anti-inflammatoires, des infiltrations ou des semelles orthopédiques. Pour les patients les plus gravement atteints, une intervention chirurgicale peut être envisagée. Elle bloque les deux articulations impliquant l'os naviculaire.

"Dans les cas où l'os naviculaire s'est désagrégé, il faut aussi une greffe osseuse pour rétablir la longueur de l'arche interne du pied", précise Denis Mainard, président de l'Association française de chirurgie du pied. "Pratiquer du sport à haut niveau après une telle opération paraît difficile".