Quelles sont les 9 limites planétaires, alors qu'une sixième vient d'être franchie ?

landscape global warming concept

Selon des scientifiques, le cycle de l'eau douce est "maintenant largement perturbé par les pressions humaines aux échelles continentale et planétaire".

Une preuve supplémentaire de l'urgence à protéger l'environnement. La Terre a franchi une nouvelle limite planétaire, pour la deuxième fois de l'année : celle du cycle de l'eau douce, rapportent des scientifiques dans une étude de la revue Nature (en anglais).

Les limites planétaires, ce sont des limites que l'humanité ne doit pas franchir, à l'échelle mondiale, afin d'éviter des modifications trop brutales de notre environnement et donc de permettre d'assurer la stabilité de notre écosystème. Un concept défini par des scientifiques en 2009.

Seules trois limites n'ont pas été franchies

Cinq autres limites planétaires ont d'ores et déjà été franchies. Il s'agit de celles du changement climatique, de l'érosion de la biodiversité, des perturbations globales du cycle de l'azote et du phosphore, de l'usage des sols, et de la pollution chimique, dont une étude publiée en début d'année montre qu'elle a été franchie.

Seules trois limites planétaires n'ont pas encore été franchies : la réduction de l'ozone stratosphérique, le concentration en aérosols atmosphériques et l'acidification des océans. Franchir une limite, c’est prendre le risque d'un effet boule de neige de transformations, irréversibles, qui vont bouleverser l’équilibre de la planète et la viabilité de notre environnement.

Le cycle de l'eau verte en péril

Jusqu'à présent, seule "l’eau bleue", c’est-à-dire la part de l’eau issue de la pluie et qui s’écoule dans les cours d’eau jusqu’à la mer ou dans les lacs, était pris en compte dans l'utilisation de l'eau douce. Désormais, l'"eau verte", c'est-à-dire l'eau issue des pluies et absorbée par les végétaux, est prise en compte dans les calculs. Or c'est l'eau verte qui est particulièrement menacée, elle représente 60% de l'eau douce disponible sur Terre.

Selon les auteurs de l'étude, le cycle de l'eau douce est "maintenant largement perturbée par les pressions humaines aux échelles continentale et planétaire. Cette nouvelle analyse scientifique montre comment nous, les humains, poussons l'eau verte bien au-delà de la variabilité que la Terre a connue pendant plusieurs milliers d'années au cours de la période holocène", s'alarme le Suédois Johan Rockström, professeur d'études environnementales et co-auteur de l'étude.

Une situation qui alarme notamment l'hydrologue Emma Haziza.

L'Amazonie, exemple le plus frappant

Un phénomène dû à l’utilisation massive d’eau douce, dont l'agriculture intensive est un des principaux responsables puisque 70 % des besoins en eau concernent l’agriculture. Un phénomène ensuite aggravé par la dégradation et l’érosion des sols, la pollution atmosphérique, le changement climatique et la déforestation, dont l'Amazonie en est l'exemple le plus flagrant.

"La forêt amazonienne dépend de l'humidité du sol pour sa survie. Mais il est prouvé que certaines parties de l'Amazonie s'assèchent. La forêt perd de l'humidité du sol en raison du changement climatique et de la déforestation", explique Arne Tobian, deuxième auteur de l'étude. "Ces changements rapprochent potentiellement l'Amazonie d'un point de basculement où de grandes parties pourraient passer de la forêt tropicale à des états de type savane". Un constat fait sur l'Amazonie mais qui s'applique également à d'autres régions du globe.

La cinquième limite franchie en janvier 2022

En janvier 2022, une étude montrait qu'une cinquième limite avait été dépassée : celle des polluants environnementaux, dont le plastique, les pesticides, les produits chimiques industriels, les antibiotiques, les produits pharmaceutiques et les produits chimiques présents dans les produits de consommation.

"La vitesse à laquelle ces polluants apparaissent dans l'environnement dépasse de loin la capacité des gouvernements à évaluer les risques mondiaux et régionaux, sans parler de contrôler les problèmes potentiels", s'alarmait l'une des co-autrices du rapport, Bethanie Carney Almroth, de l'Université de Göteborg.

L'appel à "une action urgente"

"Certains de ces polluants peuvent être trouvés dans le monde entier, de l'Arctique à l'Antarctique, et peuvent être extrêmement persistants. Nous avons des preuves accablantes d'impacts négatifs sur les systèmes terrestres, y compris la biodiversité et les cycles biogéochimiques", poursuit la co-autrice de l'étude.

Suite à la publication de cette étude et face à l’urgence de la situation, les chercheurs appellent à une "action urgente", une meilleure gestion des produits chimiques et à "des accords internationaux menant à la prévention de la pollution à la source et à une évolution vers une utilisation circulaire des matériaux".

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