Botulisme : quelles bactéries tuent le plus en France ?

Les infections bactériennes sont la deuxième cause de décès dans le monde. Mais quelles sont les bactéries les plus meurtrières en France ?

Entre 20 et 30 cas par de botulisme sont observés en France tous les ans. (Photo d'illustration Getty Images)
Entre 20 et 30 cas par de botulisme sont observés en France tous les ans. (Photo d'illustration Getty Images)

Chaque année, les bactéries causent plus de 10 millions de décès dans le monde. Ces micro-organismes formés d’une seule cellule naturellement présents dans l’environnement et dans l’organisme sont la plupart du temps inoffensifs. Mais parfois, et notamment quand le système immunitaire faiblit, ils peuvent causer de nombreuses infections allant de la bronchite à la méningite.

La bactérie Clostridium botulinum, responsable du botulisme, est la dernière en date à défrayer la chronique. Une dizaine de personnes ont contracté l’affection neurologique grave après avoir consommé des sardines en bocal “fait maison” au Tchin Tchin Wine Bar, à Bordeaux. La bactérie se développe en effet dans les aliments mal conservés. “En France, nous avons entre 20 et 30 cas par an”, explique le Dr Benjamin Clouzeau à l'AFP. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le botulisme est mortel dans 5 à 10% des cas, notamment quand il n’est pas pris en charge suffisamment tôt. Mais cette bactérie est loin d’être la plus meurtrière en France.

Le staphylocoque doré, une bactérie redoutable

L'Institute for Health Metrics and Evaluation, un institut de statistique sur la santé publique, basé à Seattle (Etats-Unis) et financé notamment par la fondation Bill et Melinda Gates, s’est intéressé à l’incidence des infections bactériennes sur le nombre de morts dans le monde. Ainsi, d’après les données collectées par le programme de recherche, le staphylocoque doré est la bactérie qui tue le plus de personnes dans le monde (1,1 million de morts), mais aussi en France (16 237 morts). Cette souche de staphylocoque, qui est la plus répandue chez l’Homme, “partage avec la bactérie Escherichia coli le triste privilège d’être au premier rang des germes responsables d’infections nosocomiales (infections contractées à l’hôpital)”, note l’Institut Pasteur. Elle est aussi en tête des bactéries responsables d’intoxications alimentaires.

Escherichia coli (E. coli), qui arrive en deuxième position des infections bactériennes les plus mortelles, peut être responsable d’infections d’origine alimentaire parfois sévères, principalement chez les jeunes enfants et les personnes âgées. En 2022, un scandale a éclaté après une série de contaminations dues à la consommation de pizzas surgelées. Au 4 mai, 56 cas de syndrome hémolytique et urémique (SHU), une complication rénale, ont été recensés par Santé Publique France. Vous pouvez retrouver le détail du nombre de morts par bactérie en France dans notre infographie ci-dessous.

La plupart des bactéries peuvent causer des infections à diverses localisations du corps. C’est par exemple le cas de Streptococcus pneumoniae, responsables des infections à pneumocoques, qui peut toucher l’oreille moyenne (otite) chez les enfants, les sinus (sinusite) chez l’adulte, les enveloppes du cerveau (méningite), le sang (bactériémie) et les poumons (pneumonie).

Le danger de l’antibiorésistance

La seule arme efficace dont on dispose aujourd’hui pour soigner ces infections sont les antibiotiques. Mais leur utilisation, parfois abusive, a conduit à l’émergence de bactéries résistantes à ces médicaments : l'antibiorésistance. “Ce phénomène touche aussi bien les bactéries à l’origine des infections (bactéries pathogènes) que les bactéries généralement inoffensives qui sont naturellement présentes sur notre corps (bactéries dites commensales), chez les animaux (de compagnie ou de production de denrées) et dans l’environnement”, notre le ministère de la Santé. Or une fois développée, la résistance peut être transmise à d’autres espèces et contribuer à l’expansion du phénomène.

Fin 2022, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s'inquiétait de la progression de la résistance aux antibiotiques dans les infections bactériennes chez l’être humain. “Bien que les tendances en matière de résistance soient restées globalement stables au cours des 4 dernières années, les infections sanguines dues à des souches résistantes d’Escherichia coli et de Salmonella spp. et les infections à gonocoque résistant ont progressé d’au moins 15 % par rapport aux taux de 2017”, est-il précisé. Un phénomène qui pourrait faire progresser le nombre de morts dû aux infections bactériennes dans les prochaines années.

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