Quand Manuel Valls joue les médiateurs

Dans un climat social ultra tendu, Manuel Valls est apparu cette semaine dans ses habits de médiateur. Il ménage la chèvre et le chou. Mais dans quel but ?

Quand Manuel Valls joue les médiateurs

Il aurait pu jouer les arbitres, prendre position. Non. Manuel Valls joue la carte de l’apaisement. Il ne veut fâcher personne. Et se retrouve à faire le grand écart sur tous les dossiers. Air France par exemple. À propos des violences et des chemises arrachées, il a réitéré que certains salariés avaient eu un "comportement de voyous" mais il s’en remet à la justice. Il soutient la direction sur le plan de restructuration mais dit également "comprendre" les inquiétudes des employés. Et il appelle donc au "dialogue". Bref, il ne tranche pas.

Même attitude avec les policiers en colère qui manifestaient sous les fenêtres du ministère de la Justice. L’ancien ministre de l’Intérieur a dit "entendre" leur colère mais ne pas vouloir opposer justice et police. Tiède. Toujours. Mais pourquoi ? Parce que les régionales approchent ! Une élection que le PS pourrait bien perdre et cela signifie un remaniement en vue. Or, Manuel Valls tient à rester à Matignon. Il fait tout pour se montrer indispensable. Il est obligé de parler, de se montrer, d’intervenir. Il se doit être présent sur les sujets du moment. Mais il doit aussi éviter les reproches. Or, la gauche est profondément divisée sur tous ces sujets et le Premier ministre ne veut léser personne, ni l’aile gauche, ni l’aile droite. D’autant plus que les militants se prononcent ce week-end sur l’unité de la gauche aux élections régionales et que l’issue de ce scrutin ne fait guère de doute. Alors il le répète : "La gauche est trop divisée, trop facturée". Sauf qu’entre les écologistes, le Front de gauche et le PS (et même au sein du PS) il semble que les lignes soient irréconciliables. D’où l’attitude mi-figue, mi-raisin de Manuel Valls.

Le souci, c’est qu’il est actuellement à Matignon et doit incarner l’autoritarisme de l’État. Cela passe par des choix et des décisions. Il y aura forcément des mécontents. Mais après tout, c’est la fonction qui veut ça. À force de jouer les médiateurs, Manuel Valls est en train de passer à côté.