Qu’est devenu le soulier perdu par Marie-Antoinette à l’échafaud ?

Le fameux soulier lors d'une exposition consacrée à Marie-Antoinette à la Conciergerie, à Paris, en 2019.    - Credit:MARTIN BUREAU / AFP
Le fameux soulier lors d'une exposition consacrée à Marie-Antoinette à la Conciergerie, à Paris, en 2019. - Credit:MARTIN BUREAU / AFP

Vers midi, le 16 octobre 1793, Marie-Antoinette trébuche et marche sur le pied de son bourreau. Elle ne l'a pas fait exprès et s'en excuse auprès de lui. Un soulier manque à son pied mais qu'importe, elle n'ira pas plus loin.

Son pied chausse du 36,5, l'exquise pointure du pied mignon, objet de séduction pour l'élite du XVIIIe siècle et fétichisé par Restif de La Bretonne. Dans une société où les femmes sont éduquées et renvoyées à la fragilité de leur constitution, leurs souliers sont à l'opposé de ceux de Nancy Sinatra : on ne marche pas avec ces chaussures-là. On dévoile leur richesse du bout du pied, laissant augurer d'autres trésors équivoques.

À LIRE AUSSI29 mai 1770. Le jour où l'Autriche offre un dîner pour le mariage de Marie-AntoinetteLe soulier exposé par intermittence – pour souci de conservation – à la Conciergerie est un dépôt du musée de Caen. Il a pour semelle un texte manuscrit : « Soulier que portait la reine Marie-Antoinette le jour néfaste où elle monta à l'échafaud. Ce soulier fut ramassé par un individu au moment où la reine le perdit et acheté immédiatement par monsieur le comte de Guernon-Ranville. »

Tout de cuir rouge et de ruban, il est assurément de très belle facture. L'emploi du cuir témoigne de la volonté d'un usage courant, car le grand habit – pour paraître à la cour – ne tolérait rien d'autre que des souliers en soie, souvent enrichis de fils d'or ou d'argent, de perles ou de pierreries.

Son petit talon placé à l'arrière et n [...] Lire la suite