Qatar 2022 : le premier paquebot français propulsé au GNL va servir d'hôtel flottant
La France vient d'inaugurer son premier navire de croisière propulsé au gaz naturel liquéfié. Décrit comme "le futur de la croisière", le paquebot servira d'hôtel sur mer pour les spectateurs du mondial de football au Qatar.
La bouteille de champagne a explosé à grand bruit, en heurtant la coque du bateau MSC World Europa, un signe de bon augure pour la suite. Le MSC World Europa a été livré en grande pompe au port de Saint-Nazaire sur la côte ouest de la France, avant son départ pour le Qatar, où il restera à quai dans le Golfe, pour servir de logement aux spectateurs de la Coupe du monde.
C'est le premier paquebot propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL) livré par la France. Jusque-là, les navires de cette envergure utilisaient du fioul, largement critiqué pour ses émissions de soufre dans l'atmosphère.
Or depuis 2020, la teneur en soufre du fioul utilisé par les navires a été réduite à 0,5%, en vertu de la règle "OMI* 2020" de la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires, adoptée par 174 États membres. Cela signifie que les paquebots et navires de transport de marchandises sont déjà obligés de sortir des fiouls lourds les plus polluants.
D'où le recours au gaz liquéfié, qui permet de réduire drastiquement les émissions de soufre. L'armateur CMA-CGM a par exemple été un des premier à mettre en place une flotte de 26 porte-conteneurs propulsés au GNL à partir de 2020. Le gaz était alors décrit une fois de plus comme "le meilleur outil industriel pour préserver la qualité de l’air".
Le GNL, la solution miracle de la navigation ?
Cependant le GNL n'est pas une solution miracle. "La promotion du gaz dans le transport maritime, ce n'est pas une bonne idée, explique Fanny Pointet, responsable du transport maritime en France pour l'ONG Transport et Environnement, parce que sur le plan climatique, c'est mauvais, sur le plan de la sécurité énergétique, c'est mauvais", a-t-elle nuancé, insistant sur le fait que "l'Europe essaye de s'émanciper de sa dépendance vis-à-vis de la Russie pour le gaz".
D'un point de vue climatique, l'extraction, la transformation du gaz naturel en GNL et son utilisation émettent du méthane, néfaste pour l'environnement. La solution est largement critiquée par les ONG environnementales.
"Si on a choisi l'option du gaz naturel (...) c'est parce qu'aujourd'hui, c'est le combustible qui est le plus accessible, souligne de son côté Patrick Pourbaix, directeur général France chez MSC Croisières. On pourrait accélérer peut-être la transition vers l'hydrogène. Le problème, c'est qu'on ne trouve pas assez d'hydrogène aujourd'hui sur Terre pour alimenter nos navires".
Départ pour le Qatar
Plutôt que de construire des milliers d'hôtels pour une seule saison, le Qatar a misé sur des hôtels flottant pour la Coupe du monde de football. Le navire de 333 mètres de long et 6 700 places a quitté le port de Saint-Nazaire, pour une inauguration au Qatar, le 13 novembre.
"Nous avons affrété deux navires au Qatar et à la Fifa", a précisé M. Pourbaix. "Les deux premières semaines, pour les qualifications, les bateaux sont complets, à tel point qu'on a mis en place un troisième bateau, plus petit, qui va venir compléter l'offre".
La Coupe du monde devrait attirer 1,2 millions de spectateurs entre le 21 novembre et le 18 décembre, d'après le responsable de la communication du Comité d'organisation du Mondial, Fatma al-Nuaimi.
*OMI : Organisation maritime internationale