QAnon: la mouvance complotiste américaine s'exporte en France, 10 signalements faits à la Miviludes

Depuis deux ans, les idées émanant de ce mouvement pro-Trump se développent en France, autour "d'informations erronées et manipulées sur l'actualité française".

Des élites démocrates, pédophiles et satanistes gangrènent le gouvernement. Du moins, c'est l'idée que véhicule le QAnon, une mouvance conspirationniste d'extrême droite venue tout droit des Etats-Unis. Né en 2017 chez des partisans de Donald Trump, le QAnon appelle à déjouer un "État profond", une organisation de hauts responsables publics impliqués dans des réseaux pédophiles, cherchant à établir un "nouvel ordre mondial".


Depuis deux ans, ce mouvement - éponge à théories complotistes - a traversé l'Atlantique et s'est faufilé dans certains esprits français fragilisés par le climat anxiogène de la crise sanitaire. Considéré depuis 2019 comme une potentielle menace terroriste aux États-Unis, le groupement inquiète désormais dans l'Hexagone.

"Informations erronées et manipulées"

"Bien que le complotisme ne puisse être considéré comme une dérive sectaire dans son acceptation juridique, il s’appuie sur la diffusion d’informations falsifiées et une interprétation erronée d’événements. Certains phénomènes (comme le QAnon, ndlr) peuvent répondre aux critères de dérives et de nocivité", précise un rapport sur l’émergence de nouveaux groupes sectaires remis au gouvernement et obtenu par BFMTV.com .

Depuis 2020, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a reçu dix signalements faisant état de "l'emprise et de l'endoctrinement de proches" par le QAnon, selon l'étude menée par les services de police et de gendarmerie en collaboration avec la Miviludes et diligentée par la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa.

"Le mouvement se base sur des blogueurs qui diffusent des informations erronées et manipulées sur l'actualité française", précise le rapport.

Inquiétudes autour de la prochaine présidentielle

Ces idées, assimilées au complotisme, se propagent principalement sur les réseaux sociaux. Le groupe Facebook "QAnon France" compte 30.000 adhérents et a "prospéré grâce à la pandémie mondiale, en alimentant la défiance vis-à-vis de l'Etat, par exemple parmi la branche radicale des gilets jaunes".

Il existe également une boucle Telegram du même nom qui regroupe près de 4000 personnes. Une autre, intitulée "Quoi2news", compte près de 10.000 membres et instille elle aussi des fausses informations sur des sujets français. Cette tendance inquiète surtout "au regard des prochaines élections présidentielles", par analogie aux débordements observés au Capitole, aux Etats-Unis, avant l'investiture de Joe Biden.

Article original publié sur BFMTV.com

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