Pédophilie : le Vatican crée un tribunal contre l’omerta

Il avait déjà stigmatisé les prêtres qui cèdent à «l’idolâtrie de la concupiscence» aux dépens de mineurs. Le pape François vient de s’en prendre aux évêques qui ont «péché par omission» en ayant couvert pendant des années ces abus sexuels. Dans sa croisade contre la pédophilie dans l’Eglise, Jorge Mario Bergoglio a pris mercredi une mesure radicale : il a inscrit dans le droit canon le délit «d’abus de pouvoir épiscopal» pour les prélats qui n’ont pas donné suite aux dénonciations de violences sexuelles commises par des ecclésiastiques.

Dorénavant, une instance judiciaire rattachée à la Congrégation pour la doctrine de la foi (l’ancien Saint-Office) sera spécialement chargée de traiter ces cas d’«omerta». Le Vatican a indiqué que le personnel de ce tribunal «pourra aussi être employé pour les procès pénaux dans des cas d’abus de mineurs et d’adultes vulnérables [handicapés] de la part du clergé».

«Entre 2004 et 2013, le Saint-Siège a renvoyé 884 prêtres accusés de pédophilie, souligne Giacomo Galeazzi, vaticaniste au quotidien la Stampa. Et cette dernière décennie, 3 420 dossiers fondés sur des accusations crédibles sont parvenus à la Congrégation pour la doctrine de la foi.» Ces derniers mois, François a déjà viré deux prélats, à Kansas City et au Paraguay, pour avoir enterré des affaires. L’instauration d’un tribunal institutionnalise la pratique. Le Vatican confirme ainsi la nouvelle politique de tolérance zéro, rompant avec la raison d’Etat de l’Eglise qui permettait encore, il y a quelques années, au cardinal Castrillón Hoyos d’écrire à un évêque français : «Vous avez bien agi. Je me réjouis d’avoir un frère qui, aux yeux de l’histoire et de tous les autres évêques du monde, a préféré la prison plutôt que de dénoncer un prêtre de son diocèse.»

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