Le Puy du Fou : 5 choses à savoir sur le parc à thème français multi-récompensé mais aussi décrié

Habitué aux distinctions, le Puy du Fou s’est vu remettre le prix du meilleur spectacle du monde le samedi 16 mars 2024. L’occasion de revenir sur l’histoire du parc le plus politique de France.

Le Puy du Fou : 5 choses à savoir sur le parc à thème français multi-récompensé mais aussi décrié (Crédit : Photo by Jack Chan/Xinhua via Getty)

1 - Élu meilleur parc du monde à deux reprises

Une coupe de plus à poser dans l’armoire à trophées déjà bien garnie du Puy du Fou. Le samedi 16 mars 2024, le célèbre parc à thème français a reçu à Hollywood le prix du "meilleure spectacle du monde" à l’occasion des Thea Awards, les "Oscars" du spectacle vivant, pour "Le Mime et l’Étoile", sa dernière grande nouveauté de 2023. Avec cette consécration mondiale, le Puy du Fou espère rentabiliser l’investissement réalisé : 20 millions d’euros. Ce n’est évidemment pas la première fois que le parc de loisirs vendéen se retrouve en haut de l’affiche. Le Puy du Fou a été élu à deux reprises "Meilleur parc d’attraction du monde", la première fois en 2012. Jamais avant lui, un parc français n’avait eu cet honneur. Le parc situé sur la commune des Epesses a aussi été récompensé du prix de "la meilleure attraction du monde" en 2015 pour son spectacle "Les Amoureux de Verdun" et de la "meilleure création du monde" un an plus tard pour "Le Dernier Panache" parmi de nombreuses autres récompenses.

2 - Des historiens l’ont appelé "Le Puy du Faux"

Le Puy du Fou réécrit-il l’histoire à des fins politiques ? Créé en 1989 par Philippe de Villiers, ex-candidat à l’élection présidentielle et soutien d’Éric Zemmour en 2022, le parc aux 2,5 millions de visiteurs en 2023 (un record) fait souvent l’objet de critiques sur sa manière de raconter le passé. À l’été 2021, quatre historiens ont visité le parc pendant quatre jours et leurs conclusions publiées dans un livre "Le Puy du Faux" (éd. Les Arènes) sont accablantes.

Selon eux, les spectacles du Puy sont orientés avec un seul objectif : présenter l’histoire de France afin de servir l’idéologie de Philippe de Villiers, fondateur du parti souverainiste Mouvement pour la France (MPF). "Les étrangers sont systématiquement présentés comme une menace. Le protestantisme est passé sous silence, alors qu’en Vendée, on se trouve dans une région où il a été très pratiqué avant d’être réprimé. Le catholicisme, en revanche, est omniprésent", appuie Florian Besson à Ouest-France à l’occasion de la sortie de l’ouvrage. "Le parc ne se réfère qu’à des figures comme Louis XIV, La Fontaine, Jeanne d’Arc, Clovis, Clemenceau. Les minorités (femmes, homosexuels…) sont invisibles et les classes populaires n’apparaissent que sous forme d’un monde paysan immuable, garant des traditions", poursuit-il. Déjà en 2019, l’historienne Aurore Chéry s’étonnait de la "vision totalement idéalisée de la monarchie, qui serait un âge d’or" dans les spectacles présentés aux visiteurs.

Invité à s’expliquer sur ce livre à charge à l’époque, le Puy du Fou n’a jamais prétendu offrir un cours d’histoire grandeur nature. "Comme l’art contemporain, la littérature, la peinture ou toute autre expression artistique, l’art du spectacle vivant est libre. Réjouissons-nous que notre époque nous donne cette chance. Notre succès est fondé sur l’émotion qui toujours fédère et rassemble", a-t-il répondu dans un communiqué.

3 - Les bénévoles font tourner le parc

Vitrine du parc vendéen, la Cinéscénie, le spectacle son et lumière du Puy du Fou, est rendu possible grâce au dévouement de ses plus de 4 000 bénévoles appelés Puyfolais. Cette main d’oeuvre gratuite permettrait au parc d’économiser la somme rondelette de 9 millions d’euros chaque année, selon les calculs réalisés par Complément d’Enquête dans un reportage diffusé sur France 2 en septembre 2023. Certains Puyfolais perdent même de l’argent en montant sur scène. "Je travaille à Paris, je fais la route le week-end pour venir jouer et raconter l’histoire de la Vendée", confie l’un d’entre eux. D'autres font appel à des baby-sitter pour faire garder leurs enfants et assurer le show. Aucun remboursement n’est prévu pour les bénévoles.

En 2016, une loi encadrant ce système met en péril ce système. Quelques semaines après son élection en 2017, Emmanuel Macron intervient et délivre une autorisation pour le Puy du Fou, l’autorisant à continuer de faire jouer ses bénévoles à la condition qu’ils soient sur scène. Problème : cette condition n’est pas toujours respectée à la lettre et il n’est pas rare de retrouver certains Puyfolais à la sécurité, dans les magasins de souvenirs ou au parking.

Interrogé sur les raisons qui poussent le parc à conserver ce statut d’association, Laurent de Villiers répond avec franchise : "4 000 bénévoles, c’est toujours moins cher que 4 000 salariés".

4 - Le Puy du Fou à l’assaut du monde

Dopé par son succès en France, le Puy du Fou essaye maintenant de conquérir l’Europe et le monde. Trente-deux ans après l’ouverture de son parc vendéen, la famille De Villers a inauguré un nouveau site à Tolède, en plein centre de l’Espagne, en 2021. Avec son spectacle "El Sueño de Toledo", qui invite à un voyage à travers l'histoire de l’Espagne, l'esprit Puy du Fou s'est installé à moins d’une heure de Madrid. Pour l’heure, les Espagnols répondent à l’appel. Désormais exporté en Espagne et aux Pays-Bas, le Puy du Fou est en France le troisième parc de loisirs derrière Disneyland et le parc Astérix.

Après avoir conquis un petit bout d’Europe, le Puy du Fou part également à l’assaut des deux plus grandes puissances mondiales : la Chine et les États-Unis. À Shanghai, le spectacle "plongera les spectateurs dans un voyage magique dans le Shanghai des années 1930". Outre-Atlantique, le Puy du Fou prépare pour 2024 un grand spectacle inspiré de l’histoire du peuple cherokee dans l’État du Tennessee.

Le spectacle
Le spectacle "El sueno de Toledo" (Crédit : Photo by Isabel Infantes/Getty Images)

5 - Au coeur de la polémique pendant le Covid

Juillet 2020. La France continue de se battre contre le Covid-19. De nombreux rassemblements sont interdits et des jauges limitées à 5 000 spectateurs sont instaurées pour limiter les risques de propagation du virus. Mais le parc obtient une dérogation lui permettant d’accueillir pour son spectacle de la Cinéscénie 12 000 personnes réparties en trois tribunes de 4 000 spectateurs, séparées par des parois en Plexiglas. Les images diffusées sur France 2 qui montrent une foule compacte sans distance de sécurité créent un tollé dans le pays. Suite à ce reportage, le parc fait machine arrière et repasse sous la barre des 5 000 spectateurs accueillis.

Août 2020. À la surprise générale, le préfet de Vendée donne le feu vert au parc pour accueillir jusqu’à 9 000 personnes le 15 août malgré l’interdiction des rassemblements de plus de 5 000 personnes. À l’époque, la décision avait provoqué la colère du monde de la culture et du sport incrédule face à ce traitement de faveur.