"Purge" à LFI: les principales figures du Nouveau Front populaire soutiennent les députés insoumis écartés
Marine Tondelier, Olivier Faure, Sandrine Rousseau... Ils critiquent vertement le comportement de la direction de La France insoumise mais ne remettent pas pour autant en question l'alliance à gauche. Plusieurs dirigeants et figures des partis alliés au Insoumis dans le cadre du Nouveau Front populaire ont dénoncé ce samedi 15 juin ce qu'ils qualifient de "purge": l'éviction de plusieurs députés LFI qui se sont montrés critiques vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon et du manque de démocratie interne au sein de leur mouvement.
Les députés sortant Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet, Henrick Davi et Frédéric Mathieu ont ainsi vu de nouveaux candidats être désignés par la commission d'investiture de La France insoumise dans leurs circonscriptions. Certains ont déjà annoncé qu'ils se constitueraient en candidat dissident, dans ces circonscriptions où l'électorat est acquis à la gauche.
Tondelier "choquée", décision "scandaleuse" pour Faure
La présidente des Écologistes Marine Tondelier s'est à ce titre dite "choquée" et a qualifié ces choix de "purge" ce samedi, apportant son soutien aux députés sortant: "Je pense que c'est une erreur (...), que c'est assez ridicule au vu des enjeux qui sont les nôtres", a-t-elle jugé.
"J'ai convoqué des instances ce matin pour pouvoir en discuter avec les Écologistes et que nous voyions quelle suite donner à cela, mais je ne vois pas pourquoi nous ne soutiendrions pas des candidats qui sont des sortants", a-t-elle encore fait valoir, annonçant qu'elle comptait échanger à propos de cette situation notamment avec les patrons du PS Olivier Faure et du PCF Fabien Roussel.
Même son de cloche du côté de la députée écologiste sortante Sandrine Rousseau, qui a publié un message prenant directement à partie Jean-Luc Mélenchon: "Ce n’est pas le temps des purges ou des règlements de compte. Tolère l’insoumission dans tes rangs, sois ferme sur les valeurs de lutte contre les violences et alors l’Histoire retiendra ton nom", a-t-elle écrit.
Olivier Faure a lui-même réagi, qualifiant l'"éviction" des cinq députés sortants de "scandaleuse": "Le Front Populaire ne mérite pas d'être sali par des décisions irresponsables", a défendu le Premier secrétaire des socialistes.
Les dirigeants et têtes de proue communistes, notamment Fabien Roussel, n'ont pour le moment par réagi à ces événements.
Des insoumis divisés
Du côté de la France insoumise, la garde rapprochée de Jean-Luc Mélenchon (Manuel Bompard, Mathilde Panot n'a pas commenté l'éviction des cinq députés. Mais les députés insoumis sortants François Ruffin et Clémentine Autain, qui affichent depuis longtemps une certaine distance avec la direction de leur mouvement, n'ont pas manqué de condamner ces choix.
Pour François Ruffin, dont le nom circule pour être Premier ministre en cas de victoire de la gauche aux législatives, les cadres de LFI "purgent des candidats sortants, sans autre motif qu’ils et elles ont une parole libre, sans laisse ni muselière", et font preuve de "sectarisme" et de bêtise.
"Ce n’est qu’une mauvaise farce. Qui ne coûtera qu’à leurs auteurs. (...) Les "purgés" doivent être soutenus. Et l’accord doit tenir, le programme doit être défendu", a encore dit le député sortant de la Somme.
Clémentine Autain a de son côté estimé que "LFI décide de fracturer notre mouvement et d’affaiblir le rassemblement" en menant cette "purge" et a appelé à la "responsabilité" des cadres du parti, en premier lieu desquels Jean-Luc Mélenchon.
Malgré la crispation à gauche autour de ce sujet, aucun responsable de l'alliance n'a évoqué une possible rupture du Nouveau Front populaire, appelant plutôt à rétablir les députés purgés et à accepter les dissensions en interne. Reste que la possible opposition entre les élus sortants et les nouveaux investis pourrait affaiblir la gauche localement en éparpillant les voix de la gauche.