Puigdemont placé en garde à vue par le parquet de Bruxelles

par Paul Day et Robert-Jan Bartunek

BRUXELLES (Reuters) - La justice belge se prononcera d'ici lundi sur l'exécution des mandats d'arrêt européens à l'encontre de Carles Puigdemont, président déchu de l'exécutif catalan, et des quatre membres de son gouvernement qui se sont livrés dimanche à la police belge et ont été placés en garde à vue, a annoncé un porte-parole du parquet de la ville.

L'Espagne avait transmis vendredi ces mandats d'arrêts à la justice belge. Les cinq dirigeants indépendantistes, arrivés en Belgique il y a une semaine, ont été inculpés pour sédition, rébellion et détournement de fonds publics après la proclamation d'indépendance du parlement catalan.

"Ce matin, les cinq personnes recherchées en Espagne se sont présentées d'elles-mêmes à la police de Bruxelles. Elles ont été placées en garde à vue à 09h17 ce matin. Le juge les entendra cet après-midi. Il a jusqu'à demain matin pour se décider", a déclaré Gilles Dejemeppe, porte-parole du parquet de Bruxelles, lors d'une conférence de presse.

Si le juge donne gain de cause à Madrid et décide à son tour d'émettre des mandats d'arrêt, l'affaire sera transmise à une autre juridiction qui aura 15 jours pour se prononcer sur leur mise en oeuvre. Des pourvois en appel sont possibles à plusieurs stades de la procédure, ce qui peut la faire durer plusieurs semaines.

LES INDÉPENDANTISTES EN TÊTE DES INTENTIONS DE VOTE

Après la proclamation unilatérale d'indépendance, Madrid a placé la région sous tutelle, dissout l'exécutif régional et convoqué des élections anticipées auxquelles Carles Puigdemont a souhaité participer, malgré les poursuites dont il fait l'objet.

Il a appelé samedi à la formation d'un front uni pour ce scrutin qui aura lieu le 21 décembre afin de poursuivre le combat pour l'indépendance et de protester contre l'incarcération d'anciens membres du gouvernement régional.

Selon un sondage publié dimanche par La Vanguardia, les partis indépendantistes sont en tête des intentions de vote, mais pourraient ne pas obtenir la majorité absolue.

L'enquête réalisée par GAD3 auprès de 1.233 entre le 30 octobre et le 3 novembre les créditent de 66 à 69 sièges au parlement régional qui en compte 135.

Pour 59% des sondés, les poursuites à l'encontre de Carles Puigdemont sont injustifiées, mais 69,3% sont convaincus que son arrestation donnerait un coup de pouce électoral à la cause indépendantiste. La participation pourrait atteindre 83%, un record, selon GAD3.

Les listes doivent être déposées d'ici mardi et les candidats pourront se déclarer jusqu'au 18 novembre.

(Jean-Philippe Lefief pour le service français)