La psychanalyse a-t-elle tué le père ?
“La psychanalyse est à la psychologie ce que l’astrologie est à l’astronomie.” Ce reproche, Stijn Vanheule, professeur de psychanalyse à l’université de Gand, l’a franchement trop entendu. Pour sa part, le philosophe des sciences Johan Braeckman en est pourtant convaincu, comme il l’explique au Standaard Weekblad : ceux qui appliquent les méthodes de Freud sont des charlatans “désespérément dépassés”.
“Ils pensent que tous les problèmes peuvent être réduits à la sexualité et à l’enfance.” Braeckman dénonce, comme son illustre prédécesseur Karl Popper, une “pseudo-science”. Le supplément hebdomadaire du quotidien flamand fait du sujet son dossier de couverture, qu’il titre, sur une image peu révérencieuse du grand maître : “Freud a-t-il été refoulé ?”
Imaginaire collectif
Parlez de psychanalyse à quelqu’un, et il imaginera aussitôt un patient allongé sur un canapé, tournant le dos à un analyste qui, silencieusement, prend note de son récit. Cette image remonte à Sigmund Freud (1856-1939), fondateur de la discipline, relate le supplément hebdomadaire du quotidien belge.
“Pour le neurologue autrichien, les souffrances psychiques venaient de souvenirs refoulés, enregistrés dans l’inconscient du patient. En allant rechercher ces souvenirs et en les analysant, il pensait pouvoir améliorer l’état de ses patients.”
On lui doit notamment les concepts de complexe d’Œdipe et d’envie du pénis, “qui font désormais partie de l’imaginaire collectif”. Et dont Braeckman – notamment – estime qu’ils ne relèvent pas d’un “cadre théorique solide”.
Mais, à en croire Vanheule, “la psychanalyse d’aujourd’hui a depuis longtemps coupé le cordon vis-à-vis de son fondateur. Le cadre freudien demeure une source d’inspiration, mais il n’est pas une vérité éternelle. Nous ne voyons plus le complexe d’Œdipe comme la grande cause des souffrances psychiques. Nous ne recourons plus non plus à l’interprétation des rêves [comme manifestations de désirs refoulés] de la même façon que Freud, pas plus qu’à l’idée que ce qui dirige les faits et gestes d’un individu est principalement ses élans sexuels refoulés.”
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