PSG: sourire, technique et tête bien faite... L'irresistible ascension de Lucas Beraldo, la bonne pioche de l'hiver

Il n’est là que depuis deux mois et demi mais à force, il pourrait faire oublier dans l’imaginaire des Parisiens les blessés Milan Skriniar ou Presnel Kimpembe. Car depuis sa signature, Lucas Beraldo, 20 ans, fait partie des joueurs qu’on voit le plus. Il était sur la pelouse pour le Trophée des Champions deux jours après sa signature et a disputé 14 matchs sur 15 possibles depuis son arrivée, le 1er janvier. Une adaptation express, récompensée par son premier but ce mercredi contre Nice.

"Je pensais qu’il aurait besoin d’un peu plus de temps. Les joueurs brésiliens ont toujours un temps d’adaptation quand ils arrivent en Europe", expose Charles Hembert à RMC Sport. Ce Français était entraîneur adjoint à Sao Paulo et faisait partie du staff qui a lancé Beraldo l’an dernier.

"Je suis assez surpris par la rapidité avec laquelle il s’est adapté à la vie, à la culture, au style de jeu, au club", ajoute-t-il. "Ça a été très vite sachant son âge, son origine. Je ne suis pas étonné d’un point de vue footballistique mais plus étonné d’un point de vue culturel."

Proche de son compatriote Marquinhos, des Portugais du vestiaire ou de Manuel Ugarte, Beraldo a apprécié l’accueil que lui ont réservé le groupe et son coach, qui lui a vite donné confiance.

Embrouille avec Suarez

Au Brésil, son temps de jeu au PSG bluffe les observateurs. Mais, à terme, personne ne doutait que le défenseur central irait vite dans un grand club. "Il a commencé avec la réserve, a eu sa chance en première avec des blessures (en avril 2023) et est très vite devenu un joueur clé", se souvient Eduardo Deconto, journaliste brésilien qui suivait le Sao Paulo FC. Son profil technique en fait un élément à part.

"On disait qu’il était un n°10 qui jouait défenseur", poursuit-il. "Car il est très très fort avec le ballon et ça a changé le jeu de Sao Paulo, ça a été décisif. Il est très précis, remonte les ballons."

C’est notamment pour ça que Luis Campos a ciblé son profil et s’est déplacé au Brésil pour le voir. Pourtant, son intégration au PSG ne semblait pas si évidente sur le terrain. A peine arrivé au Campus PSG, il se faisait balader dans son couloir à l’entraînement par Ousmane Dembélé. Et lors de ses premiers matchs, aligné latéral gauche, Beraldo a souffert. Surtout qu'il était "contraint" de jouer sur ce côté, à un poste qui n'est pas le sien, pour pallier les absences. Beraldo est un défenseur central de métier, où il est bien plus à l'aise. Mais peu importe sa position, il n’a pas lâché et la machine a fini par se mettre en route, d’autant que le Brésilien avait du rythme: il a terminé sa saison début décembre au Brésil et a dans la foulée suivi un programme spécifique avec un préparateur. Son caractère, déterminé, l’a aussi aidé.

"Chez nous il s’est affirmé, ne se laissait pas marcher dessus, il s’imposait autant sur le terrain que dans le vestiaire pour prendre la parole même s’il y avait s’autres cadres", se souvient Charles Hembert. Avec un père ancien joueur professionnel, il a aussi pu prendre quelques conseils pour se faire respecter. Les deux hommes ont un lien très fort, si bien que le défenseur a un tatouage où le paternel le porte sur ses épaules. Un souvenir revient à Eduardo Deconto: "L’an dernier Sao Paulo a joué contre Grêmio, le club de Luis Suarez. Et ils se sont chamaillés, donnés quelques coups de coude. Suarez s’est plaint auprès de Beraldo et Beraldo a commencé à rigoler devant le visage de Suarez. Ça prouve sa maturité, un jeune de 19 ans qui rigole devant le visage d’un des meilleurs buteurs. Ça montre sa grosse mentalité."

"Thérapie par le rire"

Un état d’esprit que Beraldo cultive depuis quelques mois avec un préparateur mental personnel. Et pour évacuer la pression, ce dernier a même conseillé au joueur de sourire, tout simplement. "Une thérapie par le rire", dit-on au PSG. C’est pour ça que Lucas Beraldo est entré sur le terrain avec la banane en écoutant l’hymne de la Ligue des champions, en contraste avec les visages ultraconcentrés de ses coéquipiers et ses adversaires.

"Au Brésil, on dit qu’il a la ‘joker face’", explique Eduardo Deconto. "Pendant les hymnes, que ce soit la musique de la Ligue des champions ou l’hymne brésilien, c’est une manière pour lui de laisser le stress de côté, la tension et se concentrer sur son travail sur le terrain. Donc ça peut paraître fou mais il regarde en l’air et sourit comme le Joker dans Batman. C’est unique, vous ne voyez aucun joueur faire ça. Il a voulu se renforcer pour ne pas être affecté par le jeu."

Et ça semble fonctionner puisque Beraldo fut parmi les meilleurs Parisiens lors du match retour contre la Real Sociedad. Mais pour sourire, le Brésilien ne se force pas. Décrit comme "très souriant, très positif, très optimiste" par Charles Hembert, il profite de ce qui lui arrive et se nourrit de tout. "Ça a toujours été un joueur très facile à manager, à gérer, au quotidien, appuie Hembert. Il a toujours envie d’apprendre, est ouvert à recevoir des instructions, des enseignements. C’est un bon garçon avec un caractère extrêmement facile et une grande implication. Il a une grande maturité et une grande confiance en lui, ce qui lui permet, dans les grands clubs, de sauter les étapes et s’affirmer comme titulaire." Luis Enrique, bluffé par son intégration rapide, a aussi loué son adaptabilité et évoqué "un joueur d’une grande qualité avec beaucoup de personnalité qui colle complètement avec notre idée de jeu". Numéro 35 sur le dos -celui de ses débuts en professionnel - cet excellent relanceur s’impose dans une ville qu’il aime et qu’il connaissait déjà un peu puisque son frère a étudié à Paris et Lucas était déjà venu voir un match au Parc des Princes.

Un lien très fort avec son père

Capitaine des Espoirs brésiliens, Lucas Beraldo a même été appelé pour la première fois avec la sélection brésilienne pour la trêve internationale de mars. Son ancien entraîneur à Sao Paulo Dorival Junior récompense ses débuts avec Paris et beaucoup le voient aller très haut. "Je pense qu’il va s’affirmer en sélection nationale et car c’est un profil assez atypique avec une telle capacité technique", se réjouit Charles Hembert. "Il a sûrement un grand futur autant dans un grand club européen qu’en sélection connaissant aussi son potentiel de croissance, il peut s’améliorer encore plus."

Eduardo Deconto appuie: "Il est sur le chemin pour devenir célèbre au Brésil. Les suiveurs du foot savent qui il est, quel joueur il est mais on a 215 millions d'habitants donc il faudra qu’il montre encore pour devenir une star comme Vinicius ou Neymar. Mais il a les capacités de le devenir." Paris n’en serait que ravi.

Article original publié sur RMC Sport