PSG: dans les coulisses de la création du tifo parisien pour Dortmund

PSG: dans les coulisses de la création du tifo parisien pour Dortmund

"Quand tu es la capitale de ton pays, tu ne peux pas te planter." Cette phrase est devenue, au fil des années, la devise de ceux qui actent en coulisses les tifos parisiens. Des créations systématiquement issues d'un véritable travail de fourmis. Dès leur retour de Catalogne, après la qualification contre le FC Barcelone, les membres du Collectif Ultras Paris s'activent déjà sur l'animation d'avant-match du tour suivant de Ligue des champions. Cette fois-ci, le principal groupe de supporters doit faire contre nature en évitant ses longs échanges habituels. Pour Dortmund, il a tout anticipé et il faut aller vite.

Le 12 avril, l'UEFA communique officiellement que la demi-finale retour sera jouée mardi 7 mai à 21 heures. Le jour-même, les échanges commencent entre les cinq groupes qui composent le virage Auteuil. Tout cela se passe par téléphone, dans des discussions privées sur plusieurs applications. Les idées fusent et sont régulièrement ajustées. Changements de dimensions, projets faisables ou non, tracés ou coutures trop complexes. Les maquettistes entrent en action. Les plus à l'aise en dessin, principalement une dizaine de graphistes, se distinguent. Mais n'importe qui peut soumettre son idée. Certains savent coudre, peintre et dessiner. Les premiers dessins sur le mur avec des rétro-projecteurs. La formation est ultra-rapide. Il suffit de savoir maîtriser un logiciel de type Photoshop. Les débats sont animés et passionnés. Ils se font à l'écrit mais aussi directement dans des permanences, au cours de l'après-midi, organisées par certains groupes ultras.

De la peinture sur les mains jour et nuit, toute la semaine

Jusqu'à tard dans la soirée, l'ensemble les membres du virage Auteuil se mettent d'accord sur plusieurs idées de tifo. Elles sont envoyées dans la foulée "au plus haut". Autrement dit, le bureau du Collectif Ultras Paris. C'est lui qui a le dernier mot et valide le dispositif du grand soir. Une fois l'accord de ce cercle très fermé et discret composé de deux responsables tifos, toutes les petites mains du CUP s'activent. Des permanences quotidiennes sont mises en place, au Parc des Princes. Elles durent entre cinq et neuf heures au total, pendant la semaine. Pour les week-ends, c'est matin, midi, soir et nuit. Récemment, une permanence a duré jusqu’à 5h du matin. Chacun s'adapte en fonction de son travail mais la consigne est claire: même si un membre peut venir une heure, il vient quand même.

25 avril, 1h du matin. La permanence du jour est sur le point de s'achever. Au sol, des pots de peintures verts, rouges, noirs, gris clairs, bleus et marron clairs sont presque vides. Des bâches placées en dessous empêchent les couvercles retournés et des louches de cuisine utilisées pour l'occasion de venir changer une nouvelle fois la couleur du goudron. Ce matériel impressionnant est acheté avec l'argent du cartage de début de saison.

Une bande du tifo au milieu du salon

Un tifo, ça se protège. Au fil des années, les histoires de banderoles volées ont fait ressurgir des tensions entre groupe de supporters. En octobre 2019, des supporters parisiens avaient d'ailleurs dévoilé en tribunes une bâche de leur ennemi juré marseillais volée quelques années plus tôt. Le Collectif Ultras Paris a toujours pris pour habitude d'assurer à 100% la sécurité de ses animations en attendant les rencontres. Au point d'autoriser certains à ramener des morceaux des tifos chez eux, au milieu de leur salon. Récemment cette technique a été utilisée à un moment où les fans de l'OM passaient par Paris pour un déplacement. Certes un local privé existe au Parc des Princes, mais le CUP ne prend pas le moindre risque au cas où une information fuite auprès d'ultras adverses.

No Pyro, no party

19 septembre 2021, au Parc des Princes. Lors de la 6e journée de championnat, le club parisien accueille Lyon dans une ambiance incandescente. Au moment de l'entrée des deux équipes sur la pelouse, un tifo "No pyro, no party" est déployé en partie haute du virage Auteuil. En partie basse, une ligne de supporters agite des fumigènes. Tout est minutieusement préparé.

Chaque veille de match, des mises en place sont faites en tribune. Tout est préparé, chronométré à la seconde. Comme ce fut le cas lors du quart de finale aller contre Barcelone avec l'apparition de Maître Yoda. Ce tifo était mis en place dès la veille avec un système de poulie, tout comme le visage de Dark Vador qui attendait patiemment en coursives. "La force du tifo est incroyable. Le bien contre le mal, que la force soit avec vous... Le message doit être compréhensible par le plus de gens possible. Cela impacte énormément le monde des tribunes", commente une source. Chaque tifo fait l'objet de réunions de coordinations dans les différents groupes de supporters. Un débrief après le match est lui régulièrement effectué par les membres du bureau du CUP.

Lors du match aller à Dortmund, le mythique mur jaune, plus bruyant que d'habitude, a impressionné les 4.000 fans parisiens présents sur place. Pour le choc de ce mardi, la pyrotechnie fera son retour au Parc des Princes. De quoi faire lever le sursis de l'UEFA qui obligera le virage Auteuil à un huis-clos lors du premier match de groupe la saison prochaine. Mais pour le CUP, le plus important est ailleurs: la réputation parisienne est en jeu. La dernière répétition du tifo a eu lieu ce lundi. Au même moment, le Collectif Ultras Paris négocie un envahissement de terrain encadré avec le club.

Article original publié sur RMC Sport