Une province canadienne expérimente la dépénalisation des drogues dures

Une province de l'Ouest canadien a dépénalisé mardi 31 janvier 2023 la possession de petites quantités d'héroïne, de fentanyl et autres drogues dures, une première dans le pays et un changement radical de politique pour tenter d'endiguer la crise des opiacés, qui a tué des milliers de Canadiens.

"La situation n'a jamais été aussi urgente", avait déclaré Carolyn Bennett, ministre de la Santé mentale et des dépendances, à la veille de l'entrée en vigueur de la mesure. A sa demande, la Colombie-Britannique, cinq millions d'habitants, est la première province canadienne à connaître cette exception, expérimentée uniquement jusqu'ici dans l'Etat américain de l'Oregon et au Portugal. "Les effets de cette crise de santé publique ont dévasté les communautés de la Colombie-Britannique et du Canada", avait-elle ajouté. Lors de l'annonce de cette mesure en mai dernier elle avait précisé que ce projet pourrait être appliqué dans d'autres provinces.

La crise des opiacés : 6 morts par jour depuis 2016 en Colombie-Britannique

La Colombie-Britannique, épicentre de cette crise au Canada, a recensé plus de 10.000 décès par surdose depuis qu'elle a déclaré l'état d'urgence sanitaire en 2016. Six personnes par jour. Et durant la première vague de la pandémie en mai 2020, le nombre de décès liés aux overdoses en Colombie-Britannique était supérieur au nombre de morts du coronavirus, plongeant la province dans une double crise sanitaire. Alors à compter de mardi et pour une période de trois ans, les adultes pourront avoir sur eux jusqu'à 2,5 grammes de drogues pour leur usage personnel.

Jusqu'ici, les cas les plus graves de possession de drogues dures prévoyaient des amendes et des peines d'emprisonnement. Kathryn Botchford, dont le mari Jason est mort d'une overdose en 2019, espère que ce changement permettra de lever une partie de la honte qui entoure la consommation pour permettre aux gens de demander de l'aide. "Quand j'ai découvert la façon dont il était mort, je me suis dit qu'il devait y avoir une erreur", raconte-t-elle. Elle ignorait alors qu'il se droguait. "Mais je me suis trompée. Il est mort seul en utilisant une substance illégale", ajoute cette veuve qui élève maintenant seule leurs trois enfants.

La stigmatisation et la honte entourant la consommation de drogues "[...]

Lire la suite sur sciencesetavenir.fr

A lire aussi