« La Provence » : Aurélien Viers se dit « très heureux » de reprendre ses fonctions après sa mise à pied
MÉDIAS - Aurélien Viers, de retour à La Provence. Ce lundi 25 mars, le directeur de la rédaction du quotidien régional a repris ses fonctions après la mise à pied dont il a fait l’objet pour une Une sur Emmanuel Macron en visite à Marseille, une décision controversée qui a remis une pièce dans le débat sur l’indépendance des médias, en France.
Aurélien Viers s’est dit, lui, « très heureux de reprendre le travail » au « sein de cette belle rédaction » sur X (anciennement Twitter), ce même lundi.
Très heureux de reprendre le travail aujourd’hui au sein de cette belle rédaction de @laprovence et au côté de @GabrieldHarcour, avec l’équipe de WhyNot Médias @jc_tortora @laurentguimier. Merci pour vos messages.
— Aurélien Viers (@aviers) March 25, 2024
Avant d’ajouter en fin de journée un message supplémentaire à l’adresse de ses équipes, qu’ils remercient de l’avoir soutenu. « Et à travers moi, la notion d’indépendance éditoriale, fondamentale en démocratie. Avec la future charte d’indépendance de La Provence, nous avançons en ce sens », écrit-il.
Je tenais à remercier chaleureusement tous ceux qui m’ont soutenu (en premier lieu la rédac’ de La Provence) et à travers moi, la notion d’indépendance éditoriale, fondamentale en démocratie. Avec la future charte d’indépendance @laprovence, nous avançons en ce sens.
— Aurélien Viers (@aviers) March 25, 2024
Ce dernier avait été suspendu de ses fonctions de directeur de la rédaction de La Provence, titre détenu par l’armateur Rodolphe Saadé régulièrement décrit comme proche du chef de l’État, le temps d’une semaine. Un entretien préalable à un licenciement avait également été pressenti. En cause ? La Une consacrée, ce jeudi, à la visite d’Emmanuel Macron à Marseille dans le cadre d’une opération contre le narcotrafic, qui aurait déclenché l’ire de ses supérieurs.
La Une « ambiguë », selon la direction
Sur la première page du journal, une photo montre deux jeunes de dos face à une policière. En manchette, la phrase suivante fait écho aux témoignages d’habitants dans une double page intérieure : « Il est parti, et nous, on est toujours là… » Une manière de dire que la visite du président, racontée par le menu, n’aura pas changé grand-chose structurellement au marché de la drogue marseillais.
Après cette Une et cette citation, Rodolphe Saadé, aurait lui-même décroché son téléphone pour prendre attache avec le directeur de la publication, Gabriel d’Harcourt. Ce dernier a d’ailleurs signé un « mot d’excuse » publié dès le lendemain, en couverture du journal.
La mise à pied d’Aurélien Viers, décidée après que la direction a jugé cette Une « ambiguë », a provoqué une crise au sein de la rédaction, qui avait voté une grève « illimitée », le Syndicat national des journalistes dénonçant des « pressions politiques ».
Les journalistes de La Provence en grève
Les journalistes de La Provence et de La Tribune (un autre titre du groupe) ont vu dans cet appel une ingérence de la part de Rodolphe Saadé, le propriétaire de CMA CGM, présenté comme proche d’Emmanuel Macron – et qui vient d’annoncer le rachat d’Altice Media, maison mère de BFMTV et RMC.
Malgré l’annonce du retour de leur patron, les journalistes du quotidien régional ont toutefois maintenu un rassemblement prévu ce lundi matin, devant le siège du journal à Marseille car « il reste de nombreuses interrogations », selon un délégué syndical rencontré par l’AFP. « Nous rappelons que la Une invoquée pour la mise à pied n’était pas problématique », a-t-il ajouté.
Pas de parution de "La Provence" ce lundi matin. Malgré la réintégration du directeur de la rédaction, l’intersyndicale n’accepte pas la remise en cause du travail des journalistes. Une mobilisation avait lieu au siège du journal ce matin #Marseille pic.twitter.com/JxnchOEVjf
— Laurence Mildonian (@lmildonian) March 25, 2024
D’après cet article des Échos, les grévistes ont trois demandes : muscler la charte d’indépendance éditoriale et éthique, expliquer aux lecteurs la situation et être rémunérés pour ces jours de grève. Ce n’est qu’une fois qu’ils auront reçu une réponse de la direction qu’ils décideront en assemblée générale l’arrêt ou non de la grève.
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