Les parents au bout du rouleau, entre cauchemar et débrouille face au protocole sanitaire

“Je lui laisse les narines tranquilles. Je refuse de tomber dans l’hystérie collective des tests pour les enfants. Ça leur fait peur. Ça leur fait mal
“Je lui laisse les narines tranquilles. Je refuse de tomber dans l’hystérie collective des tests pour les enfants. Ça leur fait peur. Ça leur fait mal

PROTOCOLE SANITAIRE - “Cette sensation d’être une mauvaise maman en faisant tester mes enfants pour qu’ils puissent aller à l’école... C’est sans fin, je déprime de plus en plus”, explique Eli.

Appels de l’école, absence au travail, queue interminable à la pharmacie, refus des enfants, culpabilisation des parents... Le protocole sanitaire de dépistage du Covid à l’école angoisse autant les parents que leurs enfants.

Nous avons décidé de leur donner la parole, pour qu’ils racontent leur quotidien bousculé lors des premiers jours de la rentrée de janvier 2022, sous le signe de la contrainte. Mais avant tout, nous leur avons demandé “Comment ça va vous?”. Et les avis sont... mitigés.

Cauchemar et spirale de tests sans fin

Anne raconte ainsi jongler avec l’état de santé différent de ses enfants. “Mon fils est positif depuis 8 jours, il devait reprendre le travail demain mais étant toujours positif sans aucun symptôme depuis 6 jours, il ne reprend que vendredi. Ma dernière a repris ce matin le chemin de l’école et sa sœur jeudi. Le ras le bol général est bien là!”, confie-t-elle, avant de finir sur une note cynique “Mais sinon ça va super! Et vous la forme?”

Si Jean-Michel Blanquer reconnaît que le protocole de dépistage à l’école est “pénible”, pour les parents qui témoignent pour Le HuffPost, c’est un euphémisme. “Un cauchemar: cacher ses propres angoisses pour ne pas faire flipper les enfants dont le moral est bien entamé par la situation, jongler entre les absences et les justifier au boulot, faire la queue au labo, à la pharmacie...” Voilà ce que vit Cin Dy Kenats.

Pour Xavier, le quotidien depuis la rentrée est digne du film Un jour sans fin. “Comment ça se passe? C’est facile, la rentrée a eu lieu il y a une semaine et tous les deux jours, quand vous avez 2 enfants comme nous, ils sont cas contact et on passe notre temps à les faire tester.” Mais les enfants ne sont pas en reste. “Du coup, ils paniquent, ils hurlent. Pour les parents entre ce stress là et s’organiser pour bosser comme on peut, c’est magique. On est à bout et exaspérés.... Ça serait bien de sortir de ce calvaire”, conclut-il.

Heureusement pour Xavier, la lumière au bout du tunnel n’est pas loin. Jean Castex, a annoncé lundi 10 janvier des simplifications du protocole de dépistage, qui doivent alléger le nombre de tests à réaliser par les élèves.

Ils vivent déjà avec un masque toute la journée, maintenant, leur faire 3 tests, ça en devient de la maltraitance”.Karine O.

Faire tester son enfant, ou le pratiquer soi-même est une véritable gageure, surtout lorsqu’ils sont petits. Certains parents, en dehors du fait d’avoir du mal à pratiquer les bons gestes, culpabilisent, comme Eli. “Cette sensation d’être une mauvaise maman en faisant tester ses enfants dont un petit de 5 ans tout ça pour qu’il puisse aller à l’école...”

“Maltraitance”

Dans son commentaire, elle évoque également l’angoisse de l’organisation à prévoir lorsque l’école la prévient. “Tu as peur quand tu reçois un appel ou un mail de l’école, tu te dis “Qu’est-ce qu’il se passe encore, quelle galère va me tomber dessus aujourd’hui?”

Mais la galère ne s’arrête pas là. “Tu dois te débrouiller par rapport à tes enfants déjà pour réussir à les faire tester (1 h 30 de queue à la pharmacie pour un test un enfer), ensuite, si la maîtresse n’est pas là toute une semaine, pour garder son propre enfant et quand tu es au boulot, tu as 2 fois plus de travail car de nombreux collègues sont en arrêt maladie.”

Un véritable “Tétris” pour organiser la journée. “Enfin bref c’est sans fin, je déprime de plus en plus.” déplore-t-elle.

De son côté, Karine avoue ne plus rien y comprendre. “Un ras-le-bol, mais surtout une incompréhension. Ils vivent déjà avec un masque toute la journée, maintenant, leur faire 3 tests, ça en devient de la maltraitance”.

La maltraitance, c’est aussi le sentiment de Marine, qui l’exprime dans son témoignage, sous le coup de la colère:

“Toujours pour sa pomme. Toujours à devoir le sortir de l’école, faire la queue à la pharmacie, lui foutre un truc dans son adorable et minuscule petit nez pour protéger je ne sais plus qui.

J’appelle ça de la maltraitance. De la maltraitance d’État.”

Le retour de l’école à la maison

La colère, l’incompréhension et le désaccord avec ce protocole, certains parents ont, de leur côté, préféré les éviter. C’est le cas de Aude, qui a choisi la carte de l’apaisement avec l’école à la maison. ”Ça va bien mieux depuis que j’ai décidé de laisser mon petit loup (vacciné! ) en paix. Pas de test. Je m’arrange au boulot pour être avec lui au maximum. On fait l’école à la maison.”

Cette mère de famille préfère éviter de faire angoisser son fils. “Je lui laisse les narines tranquilles. Je refuse de tomber dans l’hystérie collective des tests pour les enfants. Ça leur fait peur. Ça leur fait mal.”

C’est également cette carte de sécurité qu’à choisie Céline pour ses enfants.

“Nous, on a décidé de les garder à la maison s’ils sont cas contact. Juste un test par l’infirmière de quartier pour vérifier au début. Hors de question de leur infliger les autotests, déjà que les professionnels ont du mal à tester les enfants, alors nous... Ils resteront à la maison.” déclare-t-elle.

Parental ou ministériel, ce protocole sanitaire donne bien du fil à retordre aux parents. Mais dans chacun des cas, on le voit bien, les parents font de leur mieux pour préserver le bien-être de leurs enfants, quitte à devoir se plier en quatre et mettre de côté leur vie professionnelle.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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