Protéger certaines aires marines ne pénalise pas la pêche, bien au contraire

Une vue aérienne de la Grande Barrière de corail au large des îles Whitsunday, le long de la côte centrale du Queensland, en Australie.
SARAH LAI / AFP Une vue aérienne de la Grande Barrière de corail au large des îles Whitsunday, le long de la côte centrale du Queensland, en Australie.

ENVIRONNEMENT - Toutes les études liées à l’environnement ne sont pas forcément négatives. C’est le cas ici de celle menée par Mark John Costello, professeur à l’Université de Nord en Norvège, sur les aires marines protégées (AMP).

D’après lui, ces dernières n’ont pas d’effet négatif sur les captures des pêcheurs et peuvent même leur être bénéfiques.

Pour évaluer l’impact de ces zones protégées, le professeur a analysé la littérature scientifique portant sur 51 AMP, aux écosystèmes très divers, dans 34 pays à travers le monde. Ses conclusions sont publiées ce mercredi 27 mars dans un article paru dans la revue scientifique Scientia Marina.

Sur les 200 études scientifiques analysées par le chercheur, aucune ne fait état de pertes nettes pour les pêcheries voisines des zones protégées. La plupart des études mettent au contraire en évidence les bénéfices induits par ces réserves marines : augmentation des stocks, des captures et de la taille des poissons, hausse de la fécondité, etc.

En outre, les aires marines protégées peuvent rapporter des millions, voire des milliards de dollars, en revenus touristiques. Le Parc marin de la Grande Barrière de Corail, en Australie, génère ainsi 6,4 milliards de dollars (5,9 milliards d’euros) de revenus par an, selon l’étude.

La vie aquatique se diffuse à partir des « refuges »

« Aux quatre coins du globe, la protection des océans stimule l’économie », affirme Mark John Costello, dans un communiqué de presse. « Cette étude offre la preuve la plus solide à ce jour que protéger l’océan, non seulement le régénère abondamment en poissons et le protège contre le changement climatique, mais dope aussi les économies locales et nationales. »

Avancer que restreindre la pêche dans une zone améliore les captures ailleurs peut sembler « contre-intuitif », reconnaît le chercheur dans l’étude. Mais cela s’explique par le fait que la vie aquatique se diffuse à partir des « refuges » que sont les AMP, qui constituent une sorte de réservoir pour les pêcheries adjacentes, selon lui.

Les réserves marines qui fournissent les plus grands bénéfices économiques aux pêcheries sont celles qui sont les plus strictement protégées, où la pêche et d’autres activités potentiellement dommageables pour l’écosystème sont bannies. Actuellement, seuls 3 % des océans bénéficient de ce type de protection, selon l’étude.

« L’océan est menacé par les activités humaines. La science montre qu’établir des parcs nationaux en mer aidera la vie océanique à rebondir et fournira plus de bénéfices à l’humanité », a estimé dans un communiqué Enric Sala, fondateur du programme National Geographic Pristine Seas (qui œuvre pour la protection des océans), en appelant les gouvernements à faire des AMP une priorité politique.

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