Propos jugés racistes à l’Assemblée : Macron « heurté » par des « mots intolérables »

« Le Président est heurté par ces mots qui dans l’hémicycle comme hors de l’hémicycle sont intolérables. Soutien au parlementaire insulté », a indiqué l’entourage d’Emmanuel Macron.

POLITIQUE - Emmanuel Macron est « heurté » par les propos « intolérables » lancés ce jeudi 3 novembre par un député du Rassemblement national et exprime son soutien au député de La France insoumise « insulté », a indiqué ce jeudi soir l’entourage du chef de l’État.

« Le Président est heurté par ces mots qui dans l’hémicycle comme hors de l’hémicycle sont intolérables. Soutien au parlementaire insulté », a-t-on précisé de même source.

La séance des questions au gouvernement a dû être arrêtée jeudi après une interpellation jugée raciste lancée dans l’hémicycle par un élu RN, qui pourrait être sanctionné dès vendredi. Lors d’une intervention du LFI Carlos Martens Bilongo, noir et d’origine congolaise, sur le « drame de l’immigration clandestine », le député RN Grégoire de Fournas a lancé « qu’ils retournent en Afrique » ou « qu’il retourne en Afrique ».

À 16H55, après quelques minutes de confusion, la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a mis fin à la séance alors que restaient plusieurs interventions programmées, « compte tenu de la gravité des faits » et de « l’émotion légitime » de l’Assemblée. De telles interruptions de séance sont rarissimes.

Une « polémique grossière » pour Marine Le Pen

Le groupe RN affirme que le député de Gironde parlait d’un « bateau » de migrants mentionné dans la question, et « en aucun cas » de Carlos Martens Bilongo, un élu du Val-d’Oise.

« Nous sommes en face d’une manipulation de La France insoumise qui cherche à dénaturer mes propos pour me faire tenir des propos dégueulasses vis-à-vis d’un collègue député français de la Nation qui a la même légitimité que moi sur ces bancs », s’est défendu Grégoire de Fournas devant la presse.

« La polémique créée par nos adversaires politiques est grossière et ne trompera pas les Français », a déclaré la présidente du groupe RN sur Twitter.

Pas d’excuses de la part de de Fournas, mais une lettre d’explications

Carlos Martens Bilongo s’est dit lui « tellement triste » : « C’est honteux d’être renvoyé à sa couleur de peau aujourd’hui ». Selon BFMTV, Grégoire de Fournas a écrit ce jeudi à l’élu LFI Carlos Martens Bilongo. S’il n’adresse pas d’excuses à son collègue, il se dit « navré de l’incompréhension » suscitée par ses propos.

« Le racisme n’a pas sa place dans notre démocratie », a réagi la Première ministre EÉlisabeth Borne en indiquant que « naturellement », le bureau de l’Assemblée nationale « devra prendre des sanctions ». La plus haute instance collégiale de l’Assemblée se réunira dès vendredi à 14H30.

« Aujourd’hui l’extrême droite a montré son vrai visage », a estimé de son côté la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée Mathilde Panot. « Nous allons demander la sanction la plus forte, l’expulsion pour plusieurs mois » de ce député.

Le patron de LFI Jean-Luc Mélenchon a réclamé sur Twitter la « déchéance et l’exclusion de l’injurieur ».

Dans le camp présidentiel, le groupe Renaissance « ne ssiégerapas » avant une sanction lourde contre le député RN, a indiqué son vice-président Sylvain Maillard. « Ils ont beau mettre des cravates (...) C’est un mouvement profondément raciste. Leur dignité, ç’aurait été de le faire sortir ».

VIDÉO - "Qu'ils retournent en Afrique", ou "qu'il retourne en Afrique" : propos racistes au Palais Bourbon