Propos équivoques d'Ankara dans la crise des visas avec les USA
ANKARA (Reuters) - La crise des visas qui oppose la Turquie et les Etats-Unis depuis dix jours sera bientôt résolue, a fait savoir mercredi la présidence turque, mais Ankara ne se pliera pas au "diktat" des Etats-Unis, a indiqué le ministre turc des Affaires étrangères.
Les Etats-Unis ont suspendu le 8 octobre la délivrance de visas à ses représentations en Turquie après l'arrestation de deux Turcs employés dans leurs services consulaires. Ils sont soupçonnés d'avoir été en relation avec le prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen, considéré par Ankara comme étant l'origine du coup d'Etat manqué de juillet 2016.
L'ambassade de Turquie à Washington a pris une décision similaire dans la foulée.
Une délégation américaine, arrivée mardi en Turquie pour tenter de désamorcer la crise, a demandé au gouvernement turc des informations et des preuves au sujet de son personnel emprisonné, rapporte le quotidien Haberturk.
Les discussions vont "dans la bonne direction", a déclaré le porte-parole du président turc Ibrahim Kalin, dans un entretien à la chaîne de télévision turque TRT Haber.
"Je crois que cette crise sera bientôt résolue", a déclaré Ibrahim Kalin. "La délégation américaine n'a pas l'autorité pour lever la suspension des visas mais elle communiquera notre position à Washington et, nous l'espérons, la Maison blanche prendra bientôt des mesures positives."
Le ministère turc des Affaires étrangères a parlé pour sa part de discussions "positives".
Un des employés, un traducteur qui travaillait au consulat d'Adana, a été arrêté en mai et l'autre, qui travaillait pour la DEA, l'agence de lutte américaine contre le trafic de drogue, a été interpellé début octobre.
"Nous coopérerons si ce qui est demandé est en conformité avec notre Constitution", a pour sa part déclaré Mevlut Cavusoglu qui tenait une conférence de presse. "Nous ne nous abaisserons pas à des diktats et nous rejetterons toute condition à laquelle nous ne pourrons satisfaire", a ajout le chef de la diplomatie turque.
Selon Haberturk, la délégation américaine soumet la résolution de la crise à quatre conditions. Les Etats-Unis veulent notamment que la Turquie fournisse des informations sur ses investigations à propos des deux employés incarcérés.
(Tulay Karadeniz; Danielle Rouquié pour le service français)