Un prophète sur Canal + Cinéma : de la révélation Tahar Rahim au projet de remake US… 5 choses à savoir sur le film carcéral de Jacques Audiard

De quoi ça parle ?

Condamné à six ans de prison, Malik El Djebena ne sait ni lire, ni écrire. A son arrivée en Centrale, seul au monde, il paraît plus jeune, plus fragile que les autres détenus. Il a 19 ans.
D'emblée, il tombe sous la coupe d'un groupe de prisonniers corses qui fait régner sa loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite. Au fil des " missions ", il s'endurcit et gagne la confiance des Corses.
Mais, très vite, Malik utilise toute son intelligence pour développer discrètement son propre réseau...


Niels Arestrup, Tahar Rahim

1. Le plein de César !

Le film, plébiscité par le public et la critique a été récompensé par neuf César en 2010 dont Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleur Acteur dans un second Rôle, Meilleur Espoir Masculin, Meilleur Scénario Original, Meilleure Photographie, Meilleure Décors et enfin Meilleur montage. A noter que le jeune Tahar Rahim a réalisé un doublet historique en étant sacré à la fois meilleur espoir et meilleur acteur lors de cette 35ème cérémonie et que la performance de Niels Arestrup, une deuxième fois sous la direction de Jacques Audiard (qui l'avait déjà dirigé dans De battre, mon coeur s'est arrêté), est de nouveau saluée par l'Académie des César. Un Prophète représentait également la France pour l'Oscar du Meilleur Film Etranger.

2. Drôle d'endroit pour une rencontre

C'est à l'arrière d'une voiture, pendant le tournage de La Commune, que Jacques Audiard a rencontré Tahar Rahim. Conquis par le comédien, il lui a tout naturellement fait passer des essais pour Un prophète, avant de voir d'autres acteurs, puis de revenir vers Tahar, son premier choix.


Reda Kateb, Tahar Rahim

3. Projet de remake US

En juin 2013, Sony Pictures Entertainment et le producteur de Fast & Furious Neal H. Moritz ont acheté les droits de remake du long métrage de Jacques Audiard. Il a ensuite fallu attendre le début de l'année 2016 pour qu'un réalisateur soit pressenti à la mise en scène de ce projet. Il s'agit de Sam Raimi, à qui l'on doit les trois Spider-Man des années 2000 et le culte Evil Dead. Un choix pouvant sembler curieux même si le cinéaste a aussi réalisé le thriller neigeux et réaliste Un plan simple. Côté scénario, un certain Dennis Lehane, auteur de livres adaptés au cinéma comme Mystic River, Gone Baby Gone ou encore Shutter Island, est en même temps associé au projet.

4. Début de polémique en Corse

Alors qu'Un prophète était présenté en Compétition au 62ème Festival de Cannes, les nationalistes corses indépendantistes de Corsica Libera se sont élevés contre le film de Jacques Audiard, estimant qu'il revêtait un "caractère raciste" et entretenait "la confusion entre militants politiques et voyous". Deux jours après cette "condamnation", le dirigeant nationaliste corse Jean-Guy Talamoni déposait "en urgence" une motion demandant à l'Assemblée de Corse de dénoncer "les atteintes portées à l'image de la Corse et des Corses" par Un prophète. Au même moment, le député UMP de Haute-Corse Sauveur Gandolfi-Scheit dénonçait lui aussi l'image négative de la communauté corse véhiculée, selon lui, par ce film, et appelait la population et les élus à se "mobiliser afin que cessent ces diffamations qu'on n'oserait aujourd'hui opposer à aucune autre communauté en France, sans susciter une levée de boucliers d'associations et de bien-pensants".


Niels Arestrup

5. Envie d'"inconnus"

Après avoir dirigé des pointures comme Mathieu Kassovitz, Vincent Cassel ou Romain Duris, le réalisateur Jacques Audiard avait envie de faire tourner des inconnus, raison en partie pour laquelle il confia le rôle-titre du film à Tahar Rahim. Cette idée allait de pair avec "la conscience que le cinéma a une inscription sociale forte". Et que s'il ne parle pas du monde tel qu'il est, s'il ne capte pas le monde qui défile, je ne sais pas à quoi il sert, poursuit le cinéaste. Quand je dis ça, ce n'est pas polémique, c'est juste que mon truc est d'inscrire de la fiction dans ce qui semblerait être de la réalité. Je pense qu'aujourd'hui, en France, le cinéma est incroyablement réducteur de ce point de vue là. Je ne sais pas de quelle réalité le cinéma français parle. Pour ma part, si je dois me concentrer sur mes proches et mes semblables, on va vite faire le tour. Encore une fois, je parle juste de ma boutique, les autres font exactement ce qu'ils veulent. Donc oui, le projet du film était de décloisonner autant le casting que de prendre en compte le fait que le monde change et que les figures héroïques doivent évoluer. A mon sens, il y a de nouvelles mythologies à bâtir sur de nouveaux visages et de nouveaux parcours."

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Merci Qui? N°193 - "Un prophète"