Programme Artemis : "Ce programme répond à une urgence économique"

"Les grands programmes spatiaux naissent d'une conjonction d'intérêts", explique dans un entretien Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°913, daté mars 2023.

Xavier Pasco est directeur de la Fondation pour la recherche stratégique.

Sciences et Avenir : Pourquoi ce retour sur la Lune ?

Xavier Pasco : Le vol habité américain a connu des difficultés après le retrait de la navette et se cherchait un avenir au-delà de l'ISS. En lui donnant Mars comme unique objectif, Barack Obama a déstabilisé la Nasa au moment même où Elon Musk démontrait ses ambitions spatiales. La décision de Donald Trump de retourner sur la Lune a remis l'agence en haut de la pyramide industrielle, avec la possibilité de déléguer aux acteurs privés les services logistiques. Cela s'est passé pour la station spatiale, cela se passera pour la Lune. Car à la différence d'Apollo, il s'agit cette fois d'occuper l'espace entre la Terre et la Lune d'une manière plus permanente et plus industrielle.

C'est donc un programme avant tout économique ?

Il est essentiel pour les industriels américains de maintenir leur niveau d'activité. Le programme Artemis enveloppe cette urgence économique d'un discours narratif sur l'importance de s'établir sur la Lune et d'exploiter ses ressources.

Les grands programmes spatiaux naissent d'une conjonction d'intérêts. Politique d'abord, car il était devenu nécessaire de reconstruire un discours sur l'importance du vol habité, en perte de crédibilité. Économique ensuite, car cette manne financière alimente d'autres projets des industriels. Et institutionnel enfin, avec la Nasa qui retrouve sa place au centre du jeu.

Y a-t-il une course avec la Chine, qui prévoit aussi une base lunaire ?

La Chine est dans sa logique de rattrapage des attributs d'une puissance internationale accomplie. Les grandes ambitions spatiales sont représentées aujourd'hui par les États-Unis, avec dans leur sillage l'Europe et d'autres nations partenaires, et la Chine qui fait de même avec la Russie. Mais les États-Unis déterminent encore le devenir du secteur. Et le vol h[...]

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